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NÉCROLOGIE. BAUMANN. Le 8 mai, M. Baumann a succombé à une maladie aussi prompte qu'inattendue. Ceux qui l'avaient vu peu de jours avant dans la plénitude de ses facultés intellectuelles, et portant le poids de ses 72 années avec une vigueur toute juvénile, n'ont pu croire à la nouvelle de sa mort, alors qu'ils ne le soupçon- naient même pas atteint de la plus légère fatigue. Il s'est fait un grand vide dans la société musicale de Lyon, que M. Baumann vivifiait par son talent, charmait par sa bien- veillance et par sa conversation toujours instructive, instruisait par ses conseils. Sa modestie empêcha à sa renommée de rayon- ner dans un cercle plus étendu, mais dans celui qu'il parcourut avec tant d'abnégation et d'ardeur au travail, il laissera le sou- venir d'un grand artiste et d'un homme de bien. Nous regardons M. Baumann comme notre compatriote bien qu'il soit né fort loin de nous ; Lyon fut sa patrie adoptive, plu- sieurs générations d'élèves ont profité de ses leçons, et il n'est aucune entreprise musicale d'un ordre élevé à laquelle il n'ait apporté une précieuse collaboration (1). Comme violoniste, son caractère particulier consistait dans une exécution pleine d'en- train, de fougue et de hardiesse, ne dérogeant pas malgré cela aux savantes théories de l'Ecole française et à la méthode du Conservatoire dont il était un des lauréats. Personne mieux que lui ne sut enlever et conduire, comme chef de pupitre, les ins- truments à cordes d'un orchestre, personne ne porta plus loin les facultés de bon lecteur, et cette faculté tenait non seu- lement à une longue et laborieuse pratique mais surtout à une (1) Signalons, surtout, les concerts de la salle de la Bourse , inaugurés en 1822 par MM. Baumann, Donjon et Mocker, et le Cercle musical dont l'existence n'a pas été sans quelques périodes brillantes.