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334 BIOGRAPHIE DE LOYS PAPON. de la vertu,;, s'exprime sur son compte Anne d'Urfé. Qu'on lui pardonne ses hyperboliques louanges en sa qualité de disciple de Messiré Loys qui fut son maître en l'art des rimes. Comme Dante et Virgile, l'auteur des Hymnes fait une des- cente au royaume des ombres. Là , dit-il, j'aperçus, dans le Temple de Mémoire, les Guise, les Montmorency et autres âmes magnanimes, puis, Au dessous de ceux-là , je vins appercevoir Dorât (1) petit de corps mais très-grand de sçavoir, Puis Ronsard, le mignon d'Apollon et des Muscs, El Pontus de Tiarl plain de grâces infuses : Je veids un peu plus bas Thevet, Belle-Forest, Papou, Longs son fils, ornement de Forçat, Lequel s'il eusl vivant mis ses vers en lumière, Auroit une louange en France singulière, Cettuy-cg le premier me fit voir le troupeau Menant son Bal sacré sur le double Coupeau (2), M'enseignant ardemment comme il se falloil rendre Bien agmé des Neuf Sœurs si l'eusse sceu l'apprendre (3). Dans une préface qu'il destinait à ses Hymnes et qui n'a jamais vu le jour, le même d'Urfé nous apprend (4), que vers son an treizième, il voulut se mettre à escrire en prose et qu'il fut per- suadé par le sieur de Maucune, lors son gouverneur, de s'adonner plustôt à la poésie. « A quoi, ajoute-t-il, me fortifia' Lois Papon, prieur de Marcilly, un des plus grands poètes de notre siècle, duquel j'appris les reiglcs, et connaissant cella estre fort agréa- ble à feu mes père et mère, etc. » Quel était donc ce Loys Papon qu'Anne d'Urfé n'hésite point à proclamer un des plus grands poètes de son siècle, et à qui Nodier lui-même reconnaît du talent pour la poésie ? C'est ce (1) Jean Daurat ou Dorât, le chef de la pléiade. (2) Coteau. (3) Hymnes de Messire Anne d'Urfé, à Lyon, chez Pierre Rigaud, in-8, 1608, p. 149. (4) Biblioth. Royale. Supplément français 183. Ms. d'Anne d'Urfé, sous ce titre : OEuvres spirituelles et morales du- marquis d'Urfé, etc.