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      SUR UN TABLE AD ATTRIBUÉ A ANDRÉ DEL SAKTE.            285

conclure qu'on l'avait retrouvé dans le tableau primitivement
au musée de Paris, le pas a sans doute été bientôt franchi.
    Nous le demandons, du reste, à toutes les personnes un
peu familières avec la connaissance des maîtres : à première
vue, et sans aucun examen, quelle idée singulière devrait se
faire d'André del Sarte celui qui ne connaîtrait ce grand
artiste que par ce seul tableau? Nous pouvons lui prédire h
coup sûr qu'il visiterai! tous les musées d'Europe avant
d'avoir la satisfaction de deviner, de son chef et sans le se-
cours du catalogue, la griffe cachée d'un seul des nombreux
tableaux que des documents authentiques établissent sortir de
la main de ce peintre. Lui sera-t-il possible après avoir vu
seulement les André del Sarle inconleslables que possède le
 Louvre, de ne pas croire tout d'abord que de part ou d'autre
il y a erreur ?
    André del Sarte a cependanl des (rails distinctifs tellement
accentués, que de tous les maîtres aucun n'est plus facile à
reconnaître. Que l'on consulte les dix-huit tableaux de ce
peintre à la galerie Pitli, entre autres sa fameuse Déposition
de la Croix; les huit des Uffizii parmi lesquels il faut
placer comme le chef-d'œuvre, celui de la Tribune qui repré-
sente la Madone avec l'Enfant, saint François et saint Jean
l'Évangéliste ; enfin les quatre du Louvre et spécialemenl
l'admirable Sainte Famille du salon carré, on retrouve tou-
jours le même esprit et le même faire si parfaitement caracté-
 risés, qu'il suffit d'avoir vu un seul de ces ouvrages pour nom-
 mer a première vue l'auteur de tous les autres.
    Ce qui frappe le plus dans tous, c'est le sentiment de la
 grâce exquise , la grâce poussée presque parfois jusqu'à la
 mignardise; c'est le peintre féminin entre tous; il a horreur
 de tout ce qui esl brutal, grossier, réaliste pour employer le
jargon du jour. Si l'on renouvelait pour lui les Dialogues des
 morls, il faudrait le représenter au séjour des ombres s'en-