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                     CONCOURS DE POÉSIE.                    271

bonheur à la grande coupe du sentiment national. Casimir
Delavigne nous a donné ses Messéniennes, plainte trop
confiée sans doute aux échos de la Grèce, mais éminemment
française et exprimant avec éloquence les douleurs du pays
pendant l'invasion. Béranger dont, hélas! il faut déjà défen-
dre la renommée, a su, par la netteté brillante de sa langue
poétique et une vérité d'inspiration également sensible à
l'homme rude du peuple et au lettré d'un goût délicat, se
faire l'auditoire universel que les lyriques trouvaient autre»
fois sur la place publique ; ses chansons, converties souvenf
en hymnes sur ses lèvres, ont heureusement réparé le dç£
savantage que donne au lyrisme incomplet d'à présent la
séparation de la poésie et de la musique. Un poète enfin
chez qui une sincère compassion nous fait respecter les in-
fortunes, les tristes méprises, les ignorances françaises de
l'exil, a ressenti vivement les hauts faits de nos armées et
 dans des odes sublimes , telles que l'Ode à la Colonne et
l'Ode a Napoléon II, nous a présenté l'Empereur revêtu de
 la poétique et glorieuse transfiguration que la mort prête
 aux grands hommes et aux héros. Prophète involontaire de
 Solférino et de Magenta, il s'était écrié, en interpellant la
 grande ombre de Napoléon Ier :

          Nous aurons bien aussi peut-être nos balailles,
          Nous en ombragerons ton cercueil respecté !
          Nous y convierons tout, Europe, Afrique, Asie !
          Et nous t'amènerons la jeune Poésie
               Chantant la jeune Liberté.


   C'était en effet montrer, de main de maître, l'idéal où le
lyrisme moderne rencontrerait de vraies inspirations. Pour
qui sait interroger les vivants instincts de la France, il est
aisé de voir qu'ils se partagent entre une tradition profon-
dément gravée déjà des grandeurs de l'époque impériale et