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388 GRAVURES DE LA BIBLIOTHÈQUE COSTE. se voient de loin en loin sur ces terrains humides et fiévreux. Mais peu à peu, les jardins diminuent, les couvents se resser- rent autour de leur église , les montagnes nues se couvrent d'ha- bitations. De siècle en siècle l'aspect est profondément changé ; le baron des Adrets , campé dans les prairies de Bellccour, fait révolutionnaircment ouvrir un chemin entre le couvent des Jacobins et celui des Cclestins pour communiquer facilement avec le centre de la ville , et comme sa cavalerie a de la peine à gravir le Gourguillon , il fait tailler un chemin neuf entre la rue du Bœuf et l'église de Saint-Just, un peu au dessus de l'ancienne route tracée par Agrippa. La ville grandit encore ; de nouvelles voies sont tracées à tra- vers les champs cultivés; la maison de Savoie achète et revend le couvent et les beaux jardins des religieux CélesUns : partout les espaces vides disparaissent, les monuments remplacent les verts ombrages , et les maisons basses ne pouvant plus contenir l'im- mense population , des architectes audacieux bordent nos rues étroites et sombres d'habitations qu'ils élèvent jusqu'au septième étage. Ce remède héroïque ne suffit pas. La richesse publique s'ac- croît , on veut de l'air , de l'espace , et la cité étouffe dans ses limites trop étroites. L'agrandir devient une nécessité, chacun s'en occupe. Tandis que Munet travaille au nord et veut bâtir un faubourg le long du Rhône , en creusant la colline sablonneuse de Saint-Clair , Perrache trace un plan géométral de Lyon avec ses agrandissements dans la partie méridionale. Ce plan-grandi- ose est accueilli par d'unanimes railleries , et le projet de rejeter le Rhône dans le Dauphiné pour bâtir sur l'île Mognat, non seu- lement le rend un objet de persiflage pour les beaux esprits du temps, mais donne lieu à des brochures spirituelles et fort gaies qui prouvent clairement que jamais on ne pourra faire des ter- rains à bâtir avec les graviers qu'entoure le Rhône ; que vouloir créer au dessous d'Ainay une vaste place entourée de beaux hôtels et reliée avec Bellecour par une rue large , droite, ornée d'élégantes habitations et à laquelle on pourrait donner, par exemple, le nom de la famille des Bourbons, est une idée aussi