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188                   CONCOURS DE POÉSIE.

où, dans les dernières magnificences du paysage, avant d'ar
river aux glaciers, se distingue, par un air de tristesse, la
défaillance prochaine de ce qui a sourire, variété, mouve-
ment et vie , ne savons-nous pas que cette nature est celle
dont la contemplation a formé le génie de Lamartine? Et
quel ami des beaux vers pourrait ignorer que, non loin de
nous, les sites enchantés des rives du Bourget ont vu naître
la Méditation intitulée le Lac, ce chef-d'œuvre de la poésie
élégiaque, auquel rien en ce genre et dans aucune langue
peut-être ne serait à comparer. Les mêmes lieux, marqués
partant de souvenirs de nos guerres, quand nos folles ambi"
tions en voulaient à l'Italie, ont été chantés par Gilbert. En-
tendez-le qui vous dit encore :


        Sous quoi ciel merveilleux l'amour va vous conduire l
        Ces Alpes, ces rochers parlent pour vous instruire ;
        Ils sont pleins d'Annibal et pleins de vos ayeux.
        Le sang de ces héros qu'adopta la victoire,
               Prodigué pour la gloire,
        Illustra ces forêts qui soutiennent les cieux.



   Et si de ces grandes images qui nous rappellent le passé
militaire de la France, il fallait descendre à mi-côteau vers
de plus simples choses, s'il y avait à rechercher ce que la
Savoie put nous suggérer d'accents pathétiques et tendres,
partant des impressions de la vie personnelle, c'est Ducis
qui parlerait, lui à qui en pareille circonstance nous donne-
rions volontiers la parole, car on ne lui dispute dans aucune
littérature le mérite d'avoir été le poète par excellence de
l'amitié. La Savoie avait été ie berceau de sa famille ; s'adres-
sant à la solitude où la demeure de ses pères participait de
l'austère douceur des retraites de saint Bruno, Ducis s'é-
criait d'une voix émue :