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POÉSIE, AMOUR ET MALICE. 471
annoncer une facilité réelle, et pour mettre mes lecteurs à même
de voir si je me juge avec trop d'indulgence, je leur soumettrai
ce commencement d'une pièce intitulée : Les agréments de la
poésie, pièce qui n'a point été imprimée dans mes œuvres.
Si l'ennui qui,parfois m'obsède
Vient appesantir mes esprits,
Invoquant Phœbus à mon aide
Qu'il me soutienne ou non, j'écris.
La peine, le chagrin, tout cède
A ce poétique remède,
A ces travaux que je chéris.
Le souci même qui m'accable
Me paraît moins insupportable
Alors qu'en vers je le décris.
Je ne pense point que la gloire
A ma fugitive mémoire
Accorde jamais de l"ngs jours ;
Je demande à la poésie
Non qu'elle éternise ma vie
Mais qu'elle en amuse la cours, etc., etc.
En vérité l'on peut faire plus mal, et je me prends à croire
que pour faire courir le vers avec aisance je n'ai guère gagné
depuis lors.
Mais qu'on juge de la position infernale d'un jeune métro-
mane se tenant tout seul lieu de public, sans galerie pour lui
soumettre ses œuvres, réduit aux joies de son amour-propre et
aux bravos de sa conscience; sans oreilles pour y verser ses
torrents de poésie, sans d'autres mains que les siennes pour
s'applaudir, sans aucun écoulement pour d'énormes recueils
obèses de ses produits !
La position devenait intolérable ; aussi je roulais dans ma.
tête mille moyens de sortir de cette impasse écrasante, quand
je m'arrêtai à celui-ci.
On conçoit facilement qu'avec mes goûts littéraires, les vitrî-