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RÉPONSE A M. CHARVET. 451 et pour étudier les divers caractères propres a chaque pays, il faut aller non dans les grandes villes où tout afflue, non à Paris où les artistes italiens apportèrent leurs théories et leur pratique habile, où l'argent triomphe des difficultés ma- térielles, mais dans les petites villes et les bourgs. Comparez nos charmantes maisons de paysans du Lyonnais (je,parle des anciennes), avec leurs escaliers extérieurs soutenus par des arcades, leurs galeries qui supportent une prolongation de la toiture, leurs heureuses oppositions de lumières, d'ombres et de couleurs produites par les surfaces inégales, par le mélange de la pierre jaune, de la tuile rougeâtre et de la verdure, avec les plus riches fermes du Berry et de la Beauce, monotones parallélogrammes, mal percés, avec leur inévitable toiture à deux pentes reposant sur deux pignons. Comparez, et je m'en rapporte a votre décision. Or, les égli- ses dans ces pays procèdent des mêmes principes avec plus de recherche dans l'ornementation, il est vrai, mais la même insouciance du paysage. Vous m'accordez l'infériorité de l'ardoise, quanta la cou- leur ; c'est tout ce que je puis désirer. Les avantages écono- miques ne sont pas de ma compétence. Le pignon de la façade de Saint-Jean me semble une dé- coration plutôt qu'une indication de la pente des toitures. Cette décoration était nécessaire pour servir de trait d'union entre les deux tours ; elle atteste, comme au pignon de Ville- franche, la propension constante des architectes méridionaux a dissimuler les faîtages aux yeux des spectateurs; l'ouver- ture qui y est pratiquée ne prouve rien. Autant vaut aper- cevoir une portion du ciel a travers ses «îenaux qu'un trou noir donnant dans les combles. Si l'on devait faire une toi- ture selon l'inclinaison de ce pignon, comment se fait-il qu'elle n'ait pas même eu un commencement d'exécution ? Depuis 1496, époque de l'achèvement de l'église, jusqu'en