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BIBLIOGRAPHIE. 477 séparer en lui l'âme du talent, l'homme du poète; l'union est trop intime et trop réelle. Ah! c'est toujours un beau privilège que le talent,,mais quand il fait respecter et aimer, il donne plus que la célébrité. Le volume des Idylles héroïques contient trois poèmes, Frantz , Basa M'jslica, Herman. Le drame n'y occupe presque point de place; il est peu dans les habiludes de la nature; ce sont souvent les exceptions à son ordre calme et éternel qui le constituent; des idylles ne le comportent guère. Toutefois il n'est pas absent, car se sont des idylles héroïques, et tout héroïsme réveille l'idée de lutte ou de sacrifice avec le monde extérieur ou dans les profondeurs de la conscience. Il y avait donc une mesure savante à observer dans la part à faire à chaque élément de ces compositions. Il y a des ordres dans la poésie comme dans l'architecture, et le poète comme l'architecte doit y être fidèle, s'ils veulent pou- voir dire l'un ell'autre: eregi monumenlum. _ On sent que la part des descriptions doit être plus large, quand il s'agit de peindre la vie champêtre, la fenaison, les moissons, la vendange, les semailles, comme dans le poème de Frantz ; ou la solitude des forêts, les fontaines, les fleurs des bois , comme dans la rêverie mystique de Rosa ; ou encore les sommets granitiques, îes glaciers, les fleurs des cimes, comme dans le chant inspiré d'Herman. Mais les œuvres de Dieu sont toujours l'expression d'une pensée bienveillante ou une révélation. Sa Providence y parle avec un perpétuel amour. C'est une mère qui prévoit et soutient, qui abrite et caresse , qui nourrit et protège, qui exalte et inspire. Or si la nature est le langage de Dieu, la poésie doit être le langage de l'âme; ils doivent répondre l'un à l'autre, et c'est de leur accord que nait le charme particulier des vers de M. de Laprade. Je n'ose emprunter à l'ensemble du premier poème que l'épilogue, parce qu'il s'en détache avec