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  LES IDYLLES HÉROÃQUES, par          VICTOR DE   LAPRADE,
                   de l'Académie française.

   Les Anglais ont une manière très-expressive de qualifier
un homme dont les facultés morales se manifestent dans un
parfait ensemble; ils disent: c'est un caractère, a characler.
En France, nous disons volontiers d'un écrivain qui ne se fait
connaître à nous que par ses facultés intellectuelles: c'est
un talent; et ce mol, sérieusement prononcé, est déjà un bel
éloge. 11 faut dire de M. de Laprade qu'il est à la fois un
caractère et un talent, parce qu'en lui les facultés morales
et intellectuelles se développent dans une attachante soli-
darité, avec une égale puissance et un charme qui lui rallient
les intelligences et les cœurs. Son imagination n'a pas des
fantaisies, des caprices , mauvaise exruse d'une insuffisance
réelle. Elle ne croit pas à la liberté absolue de l'art; elle
sait soumettre ses forces à la mesure; elle obéit au goût, à
l'ordre, au respect ; elle a un but, une foi ! Vcus ne ia voyez
se saisir qu'aux grandes pensées, aux convictions généreuses,
aux souvenirs héroïques. Il lui faut toujours un senlimenl
sous l'image; ce n'est qu'à celte condition que M. de Laprade
se fait peintre. Son inspiration repousse instinctivement toute
couleur qui n'est pas un retlel de la lumière divine, tout
mouvement qui n'est pas un élan de l'âme, tout chant qui
n'est pas un écho de l'éternelle harmonie. Impossible de