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«. r RÉPONSE A M. CHARVET. 449 d'une civilisation antérieure aux importations, barbares a leurs yeux, des races conquérantes. Gardons-nous bien de trancher la question du nord et du midi par une question de pluie et de beau temps. Lyon restera méridional malgré toutes les intempéries des saisons. Chalons et Paris seraient du nord lors même qu'on y étoufferait, Chambéry est mixte et son architecture aussi. Le voyageur, parti en dormant de Lyon et se réveillant à Chalons, reconnaîtra de suite ce change- ment de zone, non à son thermomètre mais à l'aspect du payj, de ses constructions, de ses habitants et de leurs ha- bitudes. Au lieu de maisons élevées, monumentales, accen- tuées dans leurs détails, terminées par une ligne horizontale et la tuile aux chaudes couleurs, il trouvera des édifices bas, aux toits élevés, point de variété dans les nuances, le blanc du plâtre et le noir de l'ardoise , une livrée de deuil, point de fortes saillies, de chétives ouvertures, des façades pro- prettes et sans autre caractère que celui de la minutie bour- geoise. Mâcon offre encore le mélange des deux caractères, mais h Chalons on a complètement rompu avec les aspects méridionaux. Il y a plus d'affinités sous ce rapport entre Lyon et Gênes qu'entre Lyon et Chalons, de même qu'aux oreilles lyonnaises la langue italienne semblera moins étrangère que le patois picard ou l'accentuation parisienne. Dans les pays plats ou fort peu accidentés, au milieu des forêts et des chênes, s'étendant a perte de vue, il fallait in- diquer par des points culminants les habitations agglomé- rées et perdues dans la cime des arbres ou sous un pli de terrain; il fallait a l'église comme au château une pointe bien caractérisée pour montrer au voyageur le lieu où il pourrait trouver un asile. La flèche était l'étoile polaire sur cet océan. Première raison, car dans les pays montueux la configuration même des montagnes est une indication et les habitations suspendues à leurs flancs s'aperçoivent de loin. 29