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444 RÉPONSE A M. CHABVET. due et dont les maisons, comme à Lyon, n'étaient pas assez hautes pour contrarier l'aspect d'une aiguille. Vous dites que la liturgie n'a pas eu d'influence absolue sur l'architecture , mais que l'architecture a presque tou- jours respecté la liturgie. Ces deux membres de phrase sem- blent se contredire, et en fait, l'architecture n'a respecté la liturgie que la où la liturgie possédait une certaine préémi- nence. Témoignait-t-on d'un grand respect pour elle, en bâ- tissant des églises comme l'Assomption et la Madeleine, en les tournant vers tous les points cardinaux sans de graves motifs? La majorité, ajoutez-vous, citera le XIII" siècle comme ayant le mieux réussi dans leurs constructions ; oui, la majorité de 1861. En 1761, elle pensait tout autrement, caria majorité suit l'entraînement d'une mode et ne raisonne pas; hier elle était grecque jusque dans ses costumes, elle est revenue au moyen-âge, à la renaissance, au rococo, par une évolution qui la ramènera au style classique. Le vrai est au-dessus de ces exagérai ions. Quant à moi, loin d'être exclusif, loin d'avoir la prétention, par trop déplacée, de vouloir enserrer le génie dans d'étroites limites, j'appelle de tous mes vœux l'apparition de l'architecte véritablement chrétien et inspiré, qui, au lieu de copier pour le midi une église du nord, saura, tout en continuant les traditions lo- cales, et les traditions catholiques, c'est-à -dire universelles, faire une œuvre expressive de son époque, dans ce qu'elle peut avoir d'acceptable. Les règles n'ont jamais empêché réclu- sion du talent, et s'il m'était permis de faire une digression en dehors de l'architecture, je vous dirais que Racine, Cor- neille et Voltaire, que Mozart et Haydn, suivirent exactement les conditions, peut-être arbitraires , imposées alors a l'art dramatique et a la rhétorique musicale, et n'en furent pas moins dans leur art des créateurs féconds et originaux. Les architectes des basiliques latines étaient aussi habiles