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                    BIOGRAPHIE DE LOYS PAPON.                      423

dans le château d'Usson, où, de prisonnière qu'elle avait été
d'abord, elle avait su se rendre indépendante, en se délivrant, on
sait par quel galant stratagème, de son geôlier Canillac. « Usson,
dit M. Caboche, qui vient de donner une excellente notice sur
Marguerite, Usson était, selon Brantôme, une bien forte place,
une place imprenable, que le bon et fin renard Louis XI avait
rendue telle pour y loger ses prisonniers, les tenant plus en sûreté
cent fois qu'à Loches ou au bois de Vincennes. C'était, selon les
lettres de Marguerite, un bourg misérable, sans foire ni marché;
un triste asile, un hermitage très-solitaire; mais, dans son nau-
frage, ce lui était cependant encore une arche de salut, où elle
s'appartenait, s'y étant fortifiée avec un soin qui était bien propre
à faire rire de sa timidité. »
   A l'époque où Loys Papon peignit son gracieux portrait de la
reine Marguerite, elle comptait déjà quarante-quatre printemps.
Rien ne prouve que ce soit une élude d'après nature, niais ce
portrait n'en est pas moins fort curieux et fort bien exécuté.
Peut-être a-t-il été fait d'après une miniature du temps. Comme
dans celui que M. Niel a publié parmi ses Portraits des person-
nages français les plus illustres du XVI° siècle, la reine de Navarre
« est tellement masquée par sa toilette et engoncée dans sa
fraise, qu'on a besoin de savoir tout son charme pour être sûr
que cette figure pouparde n'en manquait pas. » (M. Sainte-
Beuve, Causeries du lundi, t. vm).
   Nous ne doutons pas que ce nouveau portrait donné par M.
Yemeniz ne soit accueilli avec plaisir par les bibliophiles.Mais l'es-
quisse de diverses couleurs que nous ont léguée les habiles
artistes du XVIe siècle, et la charmante peinture de Loys Papou,
vaudront-elles jamais ces lignes de Brantôme ? « S'il y eut jamais
une au monde parfaite en beauté, dit-il, c'est la reine de Navarre.
Pour parler donc de la beauté de cette rare princesse, je croy que
toutes celles qui sont, qui seront et jamais ont esté, près de la
sienne sont laides et ne sont point beautez. » 11 vante ce son beau
visage si bien formé... , ses linéaments tant bien tirez, ses yeux
si transparents et si agréables, qu'il ne s'y peut rien trouver à
redire, et, qui plus est, ce beau visage est fondé sur un beau