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424                BIOGRAPHIE DE LOYS PAPON.

corps de la plus belle, superbe et riche taille qui se puisse voir,
accompagnée d'un port et d'une si grave majesté, qu'on la pren-
dra toujours plutôt pour une déesse du ciel que pour une prin-
cesse de la terre. »
   Ronsard avait rimé pour elle, avant son mariage, une élégie
dans laquelle il célèbre son éclatante beauté. « Dans sa jeunesse,
dit M. Sainte-Beuve, qui la peint aussi bien que Brantôme, quand
elle osait être brune, au naturel, cela ne la déparait point, car
elle n'en avait pas moins un teint d'un vif éclat, un beau visage
blanc qui ressemblait au ciel en sa plus grande et blanche séré-
nité ; un beau front d'ivoire blanchissant, disent les contempo-
rains et les poètes, qui en ceci paraissent n'avoir point menti.
N'oubliez pas l'art de s'accommoder et de se mettre, les inven-
tions nouvelles en ce genre, qui ne venaient que d'elle ; elle était
reine de la mode et de la façon (fashion). » Enfin, Don Juan
 d'Autriche disait d'elle : Aunque la hermosura dcsla reyna sea
mas divina que humana, es mas para perder y danar los hom-
 bres que salvarlos.
    Marguerite était savante ci lettrée comme devait l'être une
fille des Valois. Ses mémoires écrits à Usson , de 1597 à 1598,
sont un modèle de finesse, de grâce et de narration. Elle était
éloquente, spirituelle, lorsqu'elle savait résister au mauvais goût
de son cpoque ; elle parlait latin, lisait les auteurs grecs et faisait
des vers. Elle avait même des poètes à gage dont l'unique occu-
pation était de lui rimer des stances à la manière de Ronsard et
de Du Bartas. Elle était de leur école, e t , comme eux , elle se
complaisait à philosopher et à versifier dans le plus pur pheebus.
 « Adieu , mon beau soleil I adieu , mon bel ange ! beau miracle
 de nature ! » Telles étaient les expressions favorites de ses cor-
 respondances d'amour. Elle pindarisait, elle pètrarquisait à ren-
 dre jaloux les plus illustres réformateurs de lapléïade.
   On peut juger si elle dut bien accueillir l'Hymne de Loys
 Papon qui offre un si parfait modèle du genre. Figures mytho-
 logiques, antithèses, concelti, subslantifs jumeaux, périphrases,
 hyperboles, pensées alambiquées, néologisincs, rien n'y manque.
 Aussi nous ne doutons aucunement que Marguerite n'ait étts