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390             GRAVL'HES DE LA BIBLIOTHÈQUE COSTE.

dissement, en forme circulaire , dans Ls terrains des Brolleaux ,
fait en 17G4 pour VHôtel-Dieu, présenté en 1766, ci MM. les Pré-
vol des marchands et échevins de ladite ville, et, en 1768, à Mgr de
Berlin, ministre et secrétaire d'Etal. In-folio, teinté.
   Les cris qui avaient accueilli le projet de Perrachc saluèrent
celui de Morand. Vouloir percer une promenade et un quai,
créer une chaussée et construire un faubourg dans les sables
mouvants de Saint-Clair, c'est simplement de la folie. Rejeter le
Rhône dans le Dauphiné pour allonger la ville du côté du
 confluent, c'est une absurdité, mais construire un pont pour faire
communiquer la ville avec les Brolleaux, c'est un vol, c'est un
 crime. Les trois bacs qui suffisent bien largement aux besoins de
la population, ne rapporteront plus les vingt-cinq mille francs si
 nécessaires aux hospices. Les pauvres seront spoliés, et les do-
 nataires, les bienfaiteurs qui avaient légué de si vastes domaines
 aux hôpitaux , verront leurs dernières intentions méconnues et
 violées.
   —Mais, hasardait Morand, si nous faisons un pont entre la ville
et les Brotteaux, ces domaines prendront de la valeur; la ville se
répandra sur la rive gauche du fleuve, et les hospices vendront,
comme terrains à hâlir, des pâturages qui nourrissent à peine
quelques tètes de bétail. Mon projet aura le double mérite de
peupler un quartier immense qui nous toucho, et'd'enrichir les
hôpitaux, c'est-à-dire les pauvres, dans des proportions qu'il est
impossible de prévoir.
   — Vous les ruinez, répondaient les uns. Votre pont déplacera
la population qui tend à se jeter vers Bellecour. Les maisons que
les hôpitaux y [jossèdent perdront leurs locataires et leurs reve-
nus ; la rue de la Barre et la rue Bourg-Chanin, propriété sacrée
des indigents, seront abandonnées; la Guillotière a des droits ac-
quis auxquels on ne peut toucher.
   —Votre pont ne sera d'aucune utilité, répondaient les autres.
Personne ne voudra s'exposer à bâtir sur des terrains fangeux et
fiévreux , autour de marécages dont les effluves empoisonneront
la population.
      D'ailleurs, ajoutait-on en chœur par toutes les voix de la presse,