Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
             GRAVURKS DE LA BIBLIOTHÈQUE COSTE.                 391

par les brochures les plus violentes comme par les journaux les
plus railleurs , si l'autorité prête les mains à ces dangereuses en-
treprises, pourquoi n'obligerait-on pas M. Morand, qui sait faire
les digues et ne sait pas faire les ponts, à diriger les travaux qui
doivent rejeter le Rhône vers le Daupliiné, et M. Perrache, qui
sait faire les ponts mais ne sait pas faire les digues, à se charger
de la malheureuse passerelle dont le premier résultat sera de
bouleverser les bords si pittoresques et si sauvages de notre
fleuve , d'anéantir les derniers souvenirs de l'ancien jardin de
l'Hôtel-de-Ville, et de supprimer un emplacement où le peuple
venait se reposer de ses travaux , et où l'aristocratie , sortant de
ses hôtels, aimait à venir respirer cette fraîcheur venue des hau-
tes montagnes de la Suisse et de la Savoie.
   Nous ne blâmons point ici ceux qui regrettent le passé, nous
avons plus que tout autre la religion du souvenir. Nous rappor-
tons seulement les pièces d'un procès d'où a dépendu le sort de
notre chère cité, et nous rappelons les cruelles douleurs de ceux
qui, les premiers, ont travaillé à faire de Lyon une des plus splen-
dides cités du monde.
   Quatre-vingt-dix ans à peine se sont écoulés depuis que Mo-
rand, qui ne savait pas faire les ponts, a enfoncé ses premiers
pilotis dans le fleuve, et depuis lors les pâturages des hospices
sont devenus plus lucratifs et plus rendants qu'une mine d'or ;
cent mille âmes peuplent de jolies maisons saines et aérées qui
longent des rues de deux kilomètres, et la frêle passerelle, battue
parles flots, les glaces, les bois flottants, continue à étonner par
sa légèreté, ses formes sveltes et l'indomptable solidité de sa
construction.
   Ce que nous avons été si prolixe a raconter et à décrire, un sim-
ple coup d'œil sur les projets signés de Perrache et de Morand
l'apprend au lecteur. A côté des plans généraux, trente-cinq plans
partiels font entrer plus complètement dans la pensée intime des
auteurs. Sans parler des projets modernes et nous bornant aux
grands travaux qui viennent de nous occuper, nous citerons :
Plan de Perrache , avec un projet pour nommer les rues nou-
velles. Eau forte, in-folio. Projet de M. Perrache pour la partie