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PATOIS BRESSAN ET BUGISTE. 369
consonnance douce, imkative, comme : trenatô, plouzeno,
singroulô , et par abréviation, groutô ; na devintcria, on
devinti; matras; matrassie ; c'est-Ã -dire, tresser, pleuvigner,
bercer, secouer un peu ; un plein tablier, un tablier ; fumier '.
étendre le fumier, fumer : on dit aussi la froumouro pour
désigner le burin, fumier.
Finales. —La finale ô domine en Bresse ; celle en a vient
après; c'est le contraire en Bugey : l'italien semble ainsi se
montrer dans les deux idiomes ; le latin ressort mieux en
Bugey. Pè lavi ava, pour perviam, en aval; paravi, pour
juxta viam; toladé, pour tota diè; hisonna, cri de l'âne,
mot du reste très imitalif.^ddiMs-/ô,apporle-Ie,d'acMwcere.
L'e muet, se prononçant comme eux, mais sourdement, est
très-commun, ce qui fait que la rime féminine est presque
impossible. Les finales a et ou doivent en tenir lieu, celles en
o etî figurent la rime masculine, le tout sauf quelques excep-
tions de certaines finales sourdes.
De là ,difficulté pour les auteurs de composer en vers patois;
c'est l'écueil de ceux que j'ai lus jusqu'ici. Dans VEnrôlement
de Thivan, l'auteur fait les finales à sa guise; il prête au
patois des mots qui jurent et que jamais campagnard n'a pro-
noncés ; chose plus forte, il donne, selon le besoin de sa rime,
le même mot avec finales variantes ; cela ne peut s'admettre ;
et celui qui prétend nous donner du patois, doit avant tout le
respecter. Je ne veux pas interdire toutefois le droH d'un
écrivain de composer des tours de phrases dans le genre local,
ou de paloiser des mots nouveaux, mais il faut que ce soit
comme le ferait un villageois. Alors cet ensemble fait image
et l'on reconnaît le natif observateur.
Les abréviations sont conmunes, on dit :
Quia, pour vequia voilà .
Groutô, pour sangroulô secouer.
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