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346                 BIOGRAPHIE DE LOYS PAPON.
lité, dit Scévole de Sainte-Marthe à propos de son livre des
Erreurs populaires (écrit aussi en françois), si est-ce qu'il ne put
éviter le blâme d'avoir fait paroître en cela une doctrine pom-
peuse et superbe, de sorte que l'on disoit qu'il eût agi avec beau-
coup plus de prudence et de gloire pour lui, s'il se fût contenté
d'écrire en latin pour ne parler qu'aux doctes, et non en françois
pour ne point exposer sa réputation à l'ignorance du peuple ; car
il n'est pas croyable combien ses écrits en langue vulgaire où il
découvre les secrets de la nature et les parties du corps humain
les plus cachées, avec la liberté que se donnent les médecins, cau-
sèrent de divers jugements, voire même comme ils excitèrent con-
tre lui les traits de railleries et de piquantes censures (1). »
   Il n'est donc point étonnant que Joubert, ait fait circuler sous
des noms -d'emprunt et comme une traduction du latin, son
texte français du Traité du Ris, œuvre dont la lecture est des
plus scabreuses. Le plus piquant, c'est qu'il ait pu persuader à
Loys Papon, non seulement de placer son nom et sa qualité de
chanoine sur le frontispice du premier Livre de ce traité, mais
encore d'en écrire la préface. Ce qui ne laissera pas en effet de
nous surprendre, c'est qu'un chanoine, et surtout un chanoine
pindarisant ait pu consentir à laisser courir sous son nom un livre
dont les crudités et les hardiesses de langage le disputent parfois
au cynisme de certain chapitre de Gargantua. Il y a plus en-
core, en 1579, Joubert ne craignit pas de dédier son Traité com- ,
plet, à Marguerite de Navarre, de même qu'il lui dédia ses
Erreurs populaires.
  Disons, pour en finir sur cette étrange scène de mœurs du
XVIe siècle, que le premier Livre du Traité du Ris, n'est de-
venu introuvable q u e , parce que notre chanoine, revenu sans
doute à résipiscence, aura pris soin d'en détruire lui-même la
plupart des exemplaires.
  Quoi qu'il en soit, c'est ici qu'il convient de placer un des plus
émouvants épisodes de la vie de Loys Papon, Nous voulons
parler du siège de Montbrison par le baron des Adrets et de

  (1) Biogr. méd. Panckoucke, t. v e , art. Joubert, par R. Des Genettes.