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                   BIOGRAPHIE DE LOYS PAPON.                    347

l'horrible massacre qui le suivit. Pendant l'année 1362, la guerre
s'était allumée avec fureur entre protestants et catholiques. Des
Adrefs, qui commandait à Lyon les huguenots au nom du prince
de Coudé, vint mettre le siège devant la capitale du Forez avec
quatre mille hommes. Le 14 juin, il se rendit maître de la ville
et la livra à la fureur de ses soldats. Plus de huit cents catho-
liques, hommes, femmes et enfants, furent impitoyablement
massacrés; les rues étaient jonchées de cadavres, et à voir les
ruisseaux, dit un chroniqueur, on eût pu croire qu'il était tombé
une pluie de sang. Pendant ce temps-là, les maisons étaient
pillées, les églises profanées, les sépultures violées, et le farouche
 colonel des huguenots se donnait le barbare passe-temps de
faire, en sa présence, précipiter plusieurs de ses prisonniers du
 haut de la tour du donjon. Qu'on juge de la frayeur et des
 transes de notre pauvre chanoine ! Les protestants n'épargnèrent*
 que ceux qui purent racheter leur vie, et, par bonheur, Loys
 était de ce nombre ; mais, Comme il ne put trouver sur-le- champ
 la somme nécessaire, on s'empara de sa personne. « Les hugue-
 nots, dit un témoin oculaire, emmenèrent aulcuns qui n'eurent
 moyen fournir rançon sur l'heure, jusques à Montrond avec eux;
 mesmes le chanoine Loys Papon, qui y demeura prisonnier
jusques au lendemain, qu'on leur porta argent. » Là, il dut
 assister à des scènes non moins épouvantables que celles de la
 veille. Aussi, la haine profonde qu'il voua, surtout depuis cette
 époque, aux protestants, est bien facile à comprendre. A en
 juger par les expressions dithyrambiques que lui inspira la nou-
 velle de la victoire d'Aulneau remportée contre eux par les Guise,
 on croira sans peine que la Saint-Barthélémy ne lui fut pas non
 plus indifférente. Quoi qu'il en soit, sa famille ne dut probable-
  ment la vie qu'à une prompte fuite ; mais les huguenots, ne
  pouvant assouvir leur rage sur la personne du grand juge,
  pillèrent et saccagèrent sa maison de fond en comble. Nous ne
  serions même pas loin de croire qu'ils la brûlèrent pour avoir
  servi quelquefois de réunion au parti catholique, car, l'année
  suivante, Jehan Papon acheta, pour l'habiter, « une maison
  haulte et basse située au bord des fossés de la Croix. »