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342 BIOGRAPHIE DE LOTS PAPON. soudcin et des-lendemain il n'ayt montré par escrit de sa main un succinct résolutif dudit propos, le plus souvent conclusion, paradoxe, (et croy qu'il en ha fait à Mombrison plus de cinquante). Ayant de ce temps donques plusieurs et tant de fois que j'ay voulu le tout en mon pouvoir, me saisiz secretlement d'un petit Traité des causes du Ris et tous ses accidents qu'il avoit escrit de sa main en latin et en quelques lieux grec, dont il est des plus heureux de noslre aacje. Je l'ay traduit en langage françoys, pour le vous faire voir, Monsieur, que je say estre certainement ami dudit seigneur Joubert, duquel aussi vous estimerez l'ou- vrage, pour la grande bonne opinion, qu'à bon droit vous avez de luy. Il pourrait estre mal content de cette publication que j'en fais ; mais je m'asseure que la voyant sous vostre nom, duquel il veut entièrement dépendre comme je say, ne la trouvera mau- vaise. Je confesse que mon langage est rude : parce que je n'ay osé m'eslogner de la phrase latine, pensant avenir mieux à r e - présenter le sens de son discours qui est profond et tout philo- sophique, mal-aisé à traduire ou imiter. J'ay tant craint d'y faillir, que je me suis presque assubjetti de rendre mot pour mot, contre la licence dont'je poavois user. Si ce livre parloit de la main de son auteur, il seroit si cler et entier, qu'on n'y trouveroit aucun doute et moins d'apparence d'erreur. La copie que j'en ay eu, ha esté à la desrobée, et d'un simple projet qu'il avoit trassé en trois ou quatre jours, pour quelquefois discourir plus à plein sur cette matière du Ris. Mais c'est bien assez pour faire entendre combien seroit excellent le traité qu'il aurait pu façonner à loisir. Je l'eusse plus tôt, et long temps y a, mis en lumière, n'eut esté que tout ce royaume, avec la meilleure part des nations estran- ges, estoient en grand deuil de la mort de nostre bon Roy Henri deuxième ; et durant l'an eut esté mal séant de parler du rire, mesnies à vous qui avez eu occasion de vous séquestrer de telle manière, encore que vostre naturel soit joyeux et prompt à cela quand il en est le temps. Je vous supplie, Mon-sieur, très-hum- blement prendre en gré mon petit travail, et recevoir l'affection