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BIBLIOGRAPHIE. 313
porte desquels la poétique main de Dante a tracé cette fatale et
irrévocable inscription :
Laissez toute espérance en entrant dans l'Enfer.
Klopstock lui-même, cet Homère chrétien (l), nous montre, Ã
la vérité, dans cette épopée sublime qu'il intitula la Messiade,
près du trône de Satan, un ange rebelle, Abbiel Abbadona, qui
se souvient, en versant des larmes, des jours de bonheur qu'il a
passés dans le ciel, et dont le cœur repentant est déchiré par les
remords ; il nous l'a montré protestant contre le nouveau crime
que l'enfer veut commettre parla mort de notre divin Sauveur;
mais cet ange rebelle que Chateaubriand appelle une des plus
belles créations de Klopstock , le poète s'est bien gardé de
l'admettre à la rédemption et de l'appeler dans le ciel (2). Il
s'est trouvé cependant un poète justement illustre, Alexandre
Soumet, qui, dans sa Divine Epopée, a cru pouvoir réveiller un
système attribué autrefois à Origène, et condamné par les
conciles plus de deux cents ans après la mort de ce prêtre-philo -
(1) C'est le nom que lui donne un de nos plus distingués et de nos
plus énergiques écrivains, M. Poujoulat, dans sa Littérature contemporaine,
à l'occasion d'une nouvelle traduction de la MESSIADE.
(2) Je n'ai pas en ce moment la Messiade sous les yeux, mais je ne crois
pas que mes souvenirs me trompent en me portant à affirmer que Klopstock
a pensé que les anges rebelles ne pouvaient pas racheter leur crime par
le repentir.
(3) Dans une préface, Alexandre Soumet dit que saint Jean Chrysos-
tôme aima mieux souffrir la persécution que de consentir à lancer l'ana-
thème contre la doctrine d'Origène; il dit aussi que ce saint évêque a dû
s'exprimer de manière à faire entendre que le Christ avait brisé les portes
de l'enfer, afin que ce lieu ne fût plus qu'une prison mal assurée. Mais l'Eglise
a interprété les paroles de saint Jean Chrysostôme autrement que le poète
ne Fa fait, et quant à la persécution qu'il préféra subir plutôt que de
lancer l'anathème sur les propositions à 'Origine, je ferai remarquer que
ces propositions, au nombre de neuf, pouvaient ne pas renfermer toutes
des hérésies et que saint Jean Chrysostôme ne s'est expliqué sur aucune
d'elles; que d'ailleurs les persécutions auxquelles il fut exposé étaient plutôt
politiques que religieuses, et enfin que s'il protégea contre saint Epiphane