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312 BIBLIOGRAPHIE.
Le Très-Haut a parlé, les légions des Anges
En transports éclatants célèbrent ses louanges,
Et sur leurs ailes d'or enlevant Alessiel
Le portent triomphant jusqu'où finit le ciel.
Pour aller accomplir un si divinfmystère
Tous auraient envié le séjour de la terre.
Ainsi finit le poème ! Ainsi parla l'Être-Suprême ! Quel admi-
rable , quel magnifique, je dirais même, si je ne craignais de
commettre un blasphème ou une impiété, quel divin langage !
C'est un véritable hymne au repentir et à la contrition, c'est un
chant du ciel qui proclame la bonté miséricordieuse de Dieu ;
c'est le cantique de l'espérance et du pardon. Cette allocution
du créateur est admirable ; mais hélas ! et M. de Jussieu le sait
aussi bien que moi, elle pèche dans son orthodoxie. M. de Jussieu
a voulu développer toutes les richesses de son imagination} en
un mot, il a voulu être poète, et, sous ce rapport son succès est
complet. Cette belle et douce harangue a remué dans mon cœur les
plus profondes impressions, mais les émotions doivent s'éteindre
devant le dogme, devant la vérité, et je ne puis me permettre
de ne pas relever ce que contiennent d'inexact les divers pas-
sages que je viens de citer. Pascal a avancé que la sévérité de
Dieu envers les damnés le surprend moins que sa miséricorde
envers les élus. C'est cette sévérité que M. de Jussieu a voulu
modifier ; c'est cette miséricorde qu'il a voulu étendre ; il ne
s'est pas trompé, dogmatiquement parlant, lorsqu'il a invoqué
ces faveurs de la justice de Dieu accordées au repentir des pé-
cheurs, mais la décision de Dieu est irrévocable envers les damnés
comme envers les anges rebelles (1). Le repentir, l'espérance et
le salut ne descendent pas au fond des abîmes infernaux, sur la
(1) Voyez les Saintes Ecritures, les Evangiles, les Prophètes, les Pères
de l'Eglise, l'opinion de la plupart des papes et de la plupart des évéques.
Voyez aussi les décisions- des conciles, et notamment de celui de Constan-
tinople, en 540, et l'édit de Justinien qui a précédé ce concile. Voyei
encore la décision du quatrième concile de Latran sous Innocent III.