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BIBLIOGRAPHIE. 303 Posent, sans avancer, sur des sables brûlants Les eaux n'ont pas encor fertilisé le monde Ni les vents apporté la semence féconde. Le sol est sans produits, etc. Les menaces de la Genèse, les décisions du Très-Haut sont ici parfaitement observées mais bientôt, et à l'instant même, passe auprès d'eux l'Archange qui, suivi d'une foule de Chérubins, s'ap- proche, salue en souriant et montre un rivage, un golfe qui semble un autre Eden vers lequel Adam et Lve reconnaissent qu'il leur indique un chemin suivi par eux après quelques hési- tations. La description de ce nouvel Eden, aussi riche, aussi brillant, et peut-être plus animé que le premier, renferme de suaves détails, et l'imagination de l'auteur a créé dans sa pro- digalité de délicieux tableaux ; mais ces tableaux, je suis obligé de le dire, sont contraires aux récits bibliques (1). Que M. de Jussicu excuse cette observation adressée à l'historien, comme tous les lecteurs excuseront bien vite l'historien en faveur du poète. Milton, dans son magnifique poème, n'a-t-il pas, (1) Saint Avit (Avitus), auteur de plusieurs poèmes bibliques et évèque de Vienne au Ve siècle a composé notamment un poème sur la création du monde, sur le péché originel et l'expulsion du paradis terrestre. Je ne connais pas ce poème que je n'ai pu me procurer, mais je regarde comme certain qu'Avitus, sur l'expulsion et sur les circonstances qui l'ont suivie, a respecté le récit et les sévérités de la Genèse. Milton connaissait-il les poèmes d'Avitus lorsqu'il a composé son Paradis Perdu ? M. do Jussicu est disposé à croire qu'il ne les a pas connus et que la première inspiration du Paradis Perdu lui serait venue directement de la Genèse. De son côté, M. G.;'zot a tenté de démontrer qu'il y avait entre les poèmes d'Avitus et celui de Milton des ressemblances frappantes, non seulement dans quel- ques parties de la conception générale, mais encore dans quelques impor- tants détails. Mais, comme !e dit M. de Jussicu dans son Avant-Propos, le poète anglais eût-il eu connaissance de l'essai du poète latin, qu'impor s terait à sa renommée ! Il sera toujours permis, dit encore M. de Jussicu, d'être plagiaire de celte façon, et puis après tout, la déchéance d'Adam peut bien être regardée comme un patrimoine commun !