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302 BIBLIOGRAPHIE. forme de l'églogue ; ils dénotent le sentiment exercé des pério- des et de l'harmonie ; les pensées, toujours élevées, sont en même temps gracieuses ,-les rimes constamment riches donnent un véritable éclat poétique à cette composition que je vais faire beau- coup mieux connaître par _quelques citations. Mais avant de répéter ce que cette œuvre a de beau et de gracieux, je dois présenter quelques observations critiques non sur les détails mais sur le plan même du poème. Dieu avait dit aux proscrits de l'Eden, c'est la Genèse qui nous l'apprend : La terre sera maudite à raison de ce que vous avez fait, et ce ne sera qu'avec beaucoup de travail que vous en tirerez votre nourriture. Elle vous produira des épines et des ronces et vous vous nourrirez de l'herbe de de la terre. Fidèle à ces vérités bibliques, au début du moins de son poëme, M. de Jussieu a commencé ainsi : Quand, sur l'ordre de Dieu, dans la n u e enflammée, La porte de l'Eden s'est à j a m a i s fermée, L'Archange disparaît et le couple m a u d i t S'éloigne lentement de ce seuil interdit. Le monde est devant eux, le m o n d e solitaire, R o y a u m e i n a n i m é , silencieuse terre. Aucun pas sur le sol, aucun bruit sous les cieux, N u l aspect attrayant qui rappelle à leurs yeux Le charme évanoui, cette munificence Où d'un ami divin s'attestait la présence, Les faciles repas aux arbres s u s p e n d u s , T a n t de trésors ravis, tant de bienfaits p e r d u s , La source où le r e g a r d suivait l'image aimée, Du berceau n u p t i a l la couche parfumée. Eden a tout gardé, les concerts et les fleurs. L'homme emporte avec lui son crime et ses douleurs. Où donc iront leurs p a s ? L'horizon s a n s limite N'a pas à leur montrer un toit qui les abrite, La terre est desséchée et leurs pieds chancelants