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272 CONCOURS DI5 POÉSIE. ce franc amour de tout ce qui tient a nos lois et à nos mœurs, qui est le doux génie de la liberté.Voila où devraient puiser de nouveau nos poètes, s'ils avaient l'ambition de chanter la France nouvelle et de nous donner une poésie nationale. La poésie lyrique n'a pas fini ses destinées, parce qu'elle n'apparaît plus, avec la pompe antique, sur le champ de ba- taille, ou £u péristyle des palais, ou sous le portique des tem- ples. On lie peut plus parler sans doute a quarante millions je Français comme on le faisait aux têtes pressées de l'Acro- iKle d'Athènes, à la multitude rassemblée pour les jeux neméens ou de l'isthme, ou a la tribu entrechoquant ses framées sous un souffle de guerre. Mais, la nation peut s'émouvoir toujours et mieux que jamais aux accents des grandes voix qui s'adressent à elle; la parole a des instru- ments nouveaux ; la presse, cette bouche immense, autre- ment retentissante que le porte-voix du masque antique, répand vite dans le pays ce que peuvent avoir de général, d'impressionnant, de communicalif pensées et sentiments. L'âme de la nation demeure ainsi toujours accessible à qui saura frapper ses touches sonores. Vienne un chantre vrai- ment inspiré de la patrie, on verra si nous sommes aussi rebelles à la poésie que des théories, trop engagées dans les complicités matérialistes de notre âge, voudraient le faire croire, et si l'a encore n'est pas la plus enviable gloire dont le front d'un poète puisse être couronné; on verra si, tant qu'il existera une religion et une patrie, le lyrisme pourra jamais s'éteindre. Nous avions besoin de combattre par ces réflexions les dispositions de pessimisme poétique, qui ne sont pas rares de notre époque, et qui pourraient venir a quelques-uns de- vant, les incomplets résultats de notre concours. Enfin, nous avons besoin aussi de nous excuser de nous