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CONCOURS 1)K POÉSIE.' 259
de triomphe qui se dresse et sous lequel, au départ, il nous
plaît de voir défiler la valeureuse armée que l'Empereur
mène combattre pour la juste cause de la délivrance de
l'Italie. Nous aimons d'autant plus ce préambule poétique
sur la force qui a besoin de se modérer, que l'esprit se
reporte tout de suite au point d'arrêt glorieusement volon-
taire de la paix de Villafranca. On touche donc une belle
idée lyrique qui naît de toute part des convenances du sujet.
Mais cet élan ne se soutient point. Dans les strophes qui
suivent, un travail trop accusé de pensées et de mots rem-
place l'inspiration. Le poète s'attache a dépeindre la marche
de notre armée entourée des acclamations italiennes, la
rapidité de nos victoires, les espérances trompées de Rome
et de Venise, les regrets de la Savoie qui nous voyait nous
éloigner, son bonheur quand Victor-Emmanuel la cède a la
France; il fait ensuite une sorte d'enquête politique sur les
dispositions de l'Europe, eL l'ode devient agressive et inju-
rieuse, au point de nous mettre dans la nécessité de sup-
primer toute citation, quand elle rappelle aux trois puissances
du Nord le partage de la Pologne, quand elle délaie en
longues strophes des invectives contre la Suisse et qu'elle
exha!e*de même ses indignations contre l'Angleterre. Le
poème se termine enfin par deux appels qui vont amener de
dernières citations.
C'est d'abord (après ce que nous venons de dire, on s'y
fût peu attendu) un appel à la fraternité : mot dont nous ne
goûtons nullement l'importation dans la langue poétique,
par de nombreuses et délicates susceptibilités que ce n'est
pas le moment de produire et que, probablement, nos audi-
teurs partagent. Le poète réprouve les combats ; il appelle
entre les nations, préservées des sanglants sacrifices de la
guerre, les liens multipliés de l'industrie, des arts, de la
concorde.