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BIBLIOGRAPHIE. 243 que c'est que l'homme. L'antique histoire d'une chute originelle n'est encore qu'une obscure allégorie. La pomme d'Adam n'est que la première expression de dépit jetée du fond de l'assemblée des vivants, à la face du plus exaspérant des mystères. » «Dieu, avec l'éponge de son Calvaire, achèvera d'effacer toutes nos erreurs. Il court après la brebis égarée, redresse le roseau brisé, relève la mèche fumante, cherche partout la drachme perdue et presse contre son cœur l'enfant prodigue. » « Lui qui nous a inflige la mort, il a mis le bienfait au fond même du châtiment. Il a ouvert le ciel en même temps que se ferme le sépulcre. » « Ne pouvant considérer ses frères sans céder à sa tendresse, Joseph s'écria : C'est moi qui suis Joseph, votre frère, que vous avez vendu. Quand, accusés cl tremblants, nous paraîtrons devant Dieu, il s'écriera débordant d'amour : C'est moi qui suis Jésus- Christ, voire père, que vous avez crucifié. » XXXIX. Frère Alphus. —• « Est-il pour nous un ciel possible, disait frère Alphus? A quoi passerons-nous notre interminable et ennuyeuse éternité? Un soir, égaré dans sa course, il vit ce qui a vécu et ce qui naîtra, ce qui existe et s'évanouit, ce qui est au fond du passé, du présent ou de l'avenir. Son cœur était comblé. Ivre, il tendait sa coupe pour s'enivrer davantage ; et celte ivresse, loin de le faire chanceler, l'affermissait de plus cnpluss L'infinie variété des extases et des délices se précipitait au- devant de son âme. Tout se révélait et se livrait à son œil ébloui, à son oreille ravie. Il respirait encore la fleur tout en cueillant le fruit. Il connaissait l'émotion du désir dans les palpitations du plaisir. Les joies du ciel sont les joies de la terre, dégagées de peines, de soucis et de remords. Elles sont enlacées comme les grains d'un rosaire destine à rouler au cœur de tous les béa- tifiés. Mais au fort de son vol dans les mirages de l'espace, frère Alphus heurta du pied la cime d'un pin, le feuillage le reçut et les branches le déposèrent sur une mousse ouatée d'un épais détritus végétal. Le pauvre moine ne put se dégager d'une fosse béante entre les pariétaires et les scolopendres. Il resta sans vie,