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246                        BIBLIOGRAPHIE.
l'Å“il encore ouvert sur cette inscription d'une pierre voisine :
Ci gît frère Alphus. »

   XL. Moulin de la vie.— M. de Gravillon est habile dans les arts
comme dans les lettres; s'il eut livre au burin un dessin émané de
lui, pour annexera ce dernier chapitre, ainsi qu'aux trente-neuf
autres, une gravure analogue, il aurait fait reculer d'effroi les cinq
mille lecteurs qu'il s'était acquis par un pamphlet ingénieux. Il
 a dû souffrir d'une violence à lui-même , quand il a dépeint le
héros de son Essai de retour, l'héroïne de sa salle de danse,
son égoïste, son avare, son moribond et son cheval de la mort
tournant une meule, d'où sort, sous la forme d'une poudre
blanche, finement broyée, le froment de Dieu. Il a négligé l'arti-
fice agréable d'un pinceau délicat, pour rendre aimables tant
d'objets affreux. Il a imaginé un nouvel apocalypse, mis en scène
avec des intermèdes de spectres amoureux. Mais son œuvre funè-
bre élonne le lecteur par la magie, l'éclat, la vigueur et la verve
du style. Il fait renaître, à son gré, l'Enfer du Dan'c, le Paradis
de Millon et les Harmonies de Bcrnadin de Saint-Pierre. Doué de
la puissance d'un tel talent, il faut qu'il se résigne à mieux étu-
dier nos lois, nos usages et nos mœurs. Alors, et au jour de son
âge viril, il sera, pour le XIXe siècle, ce que Duc'os a élé pour
le XVIII e et Labruyère pour le XVIIe ; car il n'appartient point à
cette classe d'hommes de lettres qui a surgi sous la canicule
de l'an 1830 et qui, depuis lors , s'agite sans relâche pour
tourmenter le monde. Il a une plus noble origine. Il tient le
sang qui coule dans ses veines , tout à la fois , de l'un des
hommes qui, pendant nos revers, reçurent à Lyon la palme du
martyre, et de l'orateur religieux que la Providence garda et
réserva pour le jour du triomphe.

   J'ai fait abstraction des théories et des problèmes de M. de
Gravillon; un jeu d'imagination ne se discute pas. Il serait in-
juste de confondre sa personne avec son livre. En détournant de
son vrai sens un texte trop laconique de Ruffon, on a répété,
à satiété , que le style, semblable à l'esprit et au cœur de
l'homme, était l'homme lui-même. Il est vrai que chacun a un