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234 ORIGINES DE LUGDUNUM. Cette étymologie de Clitqphon, auteur plus instruit qu'on ne le suppose, est précieuse surtout par les indications qu'elle donne sur l'aruspice des Cyiures-Scgusiaves et sur les circons- tances de la fondation de leur Lugdunum ; elle est d'autant plus vraie qu'elle se présente appuyée par l'armoricain : log , corbeau, l'irlandais lach, oiseau du genre anas, l'erse laghar, vautour, mots de même origine que l'allemand, lox, oiseau ap- peleur, le grec Xsycp; le latin loqui, parler; le sanscrit lagh ou lanc, parler, crier (1). Ainsi, 330 ans avant J . - C , des tribus cymriques fondent un Lugdunum au Condale du Rhône et de la Saône. Ces tribus pratiquent les arts, possèdent les instruments nécessaires pour tracer la cire ^vallalion de leur oppidum, pour en élever les remparts ; elles connaissent la science augurale, et sont conduites par des chefs dont l'histoire est exactement celle de Renms et de Romulus jetant les fondements de la ville éternelle. Seule- ment, au lieu de corbeaux, ces derniers voient des vautours, oiseaux de présage chez les Celles, comme l'indique leur nom de laghar (2). Les chefs rhodiens seraient donc, de même que les Dioscures protecteurs de Sparte, et les Alks du pays des Naharvoles (3), des êtres purement mythologiques, des Açwins de provenance arya. Mais, à côté de ce mythe, dans le récit de Clitophon existe aussi une donnée réellement historique ; c'est celle que j'ai tenté de dégager. Al. P. (1) M. Roget de Belloguet, Elnogen. gaul., p. 115.— Eichhoff. Paral- lèle des langues de l'Europe et de l'Inde p. 350. ~- Pelloulier, Histoire des Celtes, I, 101, en nol. Le radical lug, se retrouve avec ia signification d'Augurium dans Lugu- selve, nom d'une femme gallo-romaine de cette inscription du Musée de Périgucux : 8. D IVL.LVGVSELVA ARMEM ET Donc, Lug, Augurium, U, euphonisme comme dans Nantuantes selva, Spiciens, du gallms sulwi, spicore, etc. Luguselva exerçait ou était d'une famille qui avait avait exercé l'art augurai des druides. (2) La destinée des deux chefs ihodicns, après la fondation de Lugdunum, est celle de Remus et de Romulus. Momorus disparaît, mais Alepomarus,^ prince guerrier, suit le fameux Brcnnus. dans son invasion de l'Italie. Séparés également après quelques années de gloire commune, les Dioscures furent condamnés à ne plus se revoir : Couple de déités bizarre ; Tantôt citoyens du Ténare Et tantôt habitants des cieux. J.-B. RoEÎSEAU. (3) Tacite. De moribus Germanorum, c. 43.