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ORIGINES DE LUGDUNUM. DIVINITÉS SÉGUSIAVES. I. LÉGENDE DE CL1TOPHON. La légende d'Atepomarus et de Momorus du pseudo-Plutarque doit être examinée comme nous examinerions les poèmes du cvcle carlovingien, si les vrais monuments historiques du règne de Charlcmagne nous faisaient défaut. Il y a des faits réels dans le cycle ; il y en a dans la légende. Près de 4G0 ans avant J . - C , deux princes rhodiens du nom à 'Atepomarus et de Momorus, chassés des bords du Rhône inlericur par un de ces refoulements de peuples si communs alors, viennent, en vertu d'un oracle , fonder sur une colline, à la jonction de la Saône et du Rhône, une ville qu'ils nomment Lugdunum , en gaulois , dit Qitophon , colline des corbeaux par ce qu'un groupe de ces oiseaux s'éleva soudain au moment où ils traçaient l'enceinte de la ville. Voilà la légende. De ses termes, il ressort que : 4° Ces princes et leurs tribus n'étaient point Rhodiens, c'est- à -dire originaires de l'île de Rhodes, mais des Cymres, des Volces établis sur le Rhône, Rhodanus, comme les Atacini sur l'Atax, les Sequani sur la Sequana. etc. 2° Qu'Atepomarus et son collègue Momorus n'étaient pas des chefs, niais des êtres mythologiques, conducteurs divins d'une peuplade, des Dioscures. 3° Que certains rites religieux, peu dissemblables de ceux des Latins et des Hellènes, s'observaient parmi les tribus d'Atepo- marus et de Momorus, comme parmi toutes'les tribus asservies au culte druidique. Or, examinant les noms de la légende, je trouve : ATEPOMARUS. Deux éléments : A à E P et um-Atep, comme dans ^(ejo-pill, Atcp-pcnn, et par inversion, Epad-nect (1), — mar, comme dans Inducio-mar, Virido-mar, Sego-mor, etc. MOMORUS, deux éléments, dont le second, morus, est évidem- ment le mori du nom divin jtforitasgus, découvert dans Alise et porté par un chef des Sénones. LUGDUNUM. Deux éléments en- core, lug, corbeau, et dun, colline ou oppidum. (1) Atepo (vase de terre rouge), Atepo inscript, d'Apt), Ateporix (inscript. d'Ancyre), Atepomarus (Inscript, de Narbonne).— (Voir M. de Lonjjpérier, Rev. Numism., p. 180, ann. 1860.