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BABIL CALLIGRAPHIQUE. 209 ces doctes qui, pour être assis dans un fauteuil, en paraissent plus grands au vulgaire et passent partout les premiers. Voyons maintenant celle de quelques auteurs qui devraient ou au- raient dû faire partie de cet illustre corps. A leur tète brille Béranger. Le chansonnier du XIXe siècle a une écriture ronde, pleine de ' grâce et de bonhomie ; elle ressemble quelque peu à celle de Jean-Jacques ; tous deux, furent de grands penseurs, écrivant sous l'empire de mûres réflexions ; il doit donc régner du calme dans leur manière de les fixer sur le papier ; la maturité de leur génie a dû influer sur la sage lenteur de leur plume, et le mérite de leur style se retrouve presque dans leur écriture, car la clarté, la précision , la justesse et l'élégance font le charme de tous deux. Le valet qui lance le nom de Jules Janin dans un salon ne l'annonce pas mieux que l'écriture de ce sémillant feuilletoniste; lettres qui polkent, mots qui nïazurkent, phrases qui sautent, liaisons jetées en l'air, qui s'élèvent en|girandoles, ou serpentent en descendant, cahos insaisissable de feux d'artifices, fusées, soleils, gribouillage éblouissant, et cela va sans dire presque illi- sible, tel est le mode adopté par Jules Janin pour fixer ses idées au vol et courir avec sa plume après l'élan de ses saillies rapides et le mors aux dents de son imagination en délire ; il y a vrai- ment un rapport immédiat et sensible pour tous, entre ces di- gressions spirituelles, dévergondées, excentriques, bizarres, inat- tendues, et ces lignés furibondes, agitées, tumultueuses, tour- billonnantes , où la pensée cabriole accouplée avec la plume dans un galop continuel; pour ma part, toutefois, j'aimerais mieux lire vingt volumes de l'auteur de l'Ane mort et de la Femme guillotinée, que de déchiffrer une page de ses manuscrits. Bien que les écritures d'Alphonse Karr et de Barthélémy soient différentes, elles annoncent toutes deux le môme caractère, c'est- à -dire de la bizarrerie et de la mobilité dans l'humeur ; elles varient d'une ligne à l'autre ; la pente de leurs lettres n'est point uniforme ; tout en elles proclame qu'elles sont à la solde de talents réels mais versatiles, fantasques, capricieux; la signa- ii