page suivante »
CONCOURS DE POÉSIE. 1D5 Avec un bruit pareil au torrent des vallées, Les portes sur leurs gonds roulèrent ébranlées ; Tel le voile du temple un jour se déchira... Une lueur immense embrasa les ogives Et les voix des esprits, dans les aigles captives, Les saluèrent d'un bourra. Quand ils furent venus sur l'immense esplanade Dont vingt canons conquis marquettent la façade ' De leurs bouches de fer, musée universel, Le maîlrc les toucha ; les sentant chauds encore, Reprit : « C'était fêle hier ! pour qui leur voix sonore « A-t-ellc dit son grand noël ? » La curiosité emporte alors les deux morts glorieux à tra- vers l'espace. Ils prennent leur vol; du haut de la nue, ils admirent la France enrichie et devenue encore plus belle. Soudain les hauts sommets des Alpes indomptées Se montrent au regard des ombres arrêtées. « Eh quoi ! dit l'Empereur, le grand jour a-l-il lui ? « Je n'ai point en passant reconnu la frontière ; « Nous serions-nous trompes ou bien l'Europe entière « Est-elle française aujourd'hui? « Maître, lui dit Bertrand, aux reflets de l'aurore « J'aperçois sur ces murs le drapeau tricolore. « Voyez plutôt... Voyez... là -bas, des fleurs, des feux, « Tout un peuple en délire et dont l'ardente ivresse « Acclame votre nom, votre France est maîtresse « De Nice, la nymphe aux yeux bleus. « Enfin, dit le héros. » Sa main mal affermie Tremblant d'émotion cherche l'épaule amie De son vieux compagnon de victoire et d'exil. « Mes enfants bien-aimés l'ont accompli ce rêve « Que j'avais poursuivi de tout temps et sans trêve, « Me disant : Dieu le voudra-t-il ?