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CONCOURS DE POÉSIE. I9l lait constamment son but ; il dictait cette réponse d'Henri IV aux députés de la Bresse : « La langue françoise doit être « à moi comme l'espagnole à l'Espagnol et l'allemande à « l'Allemand » et ces tîôres paroles de Richelieu « jusqu'où « allait la Gaule, jusque-la doit aller la France. » Gagner la Savoie contre le Milanais altribue au Piémont, c'était l'idée d'Henri IV dans f-oTi plan de constitution de l'Europe, la combinaison proposée par Richelieu au ducVictor-Amédéel, le projet repris par Louis XIV avec le duc Victor-Amédée II, l'arrangement convenu par le cardinal de Fleury avant la guerre pour la succession de Pologne. Il serait aisé de glorifier ainsi, l'histoire a la main, la politique deNapoléon III, victorieuse la où celles d'Henri IV, de Louis XIV, de Louis XV et la conquête passagère de la République avaient échoué. Mais qu'importent aux poètes les longs détails, les curieux rapprochements que la dissertation historique serait heu- reuse de recueillir. C'est assez pour ces sympathiques et effer- vescentes natures de se trouver en présence de la grandeur et de la gloire. Des cœurs poétiques, où palpitent les éner- giques sentiments de la Fiance, n'ont pas besoin d'être si positivement renseignés. La seule politique dont ils aient a faire l'âme de leur poésie, c'est que nous venons de venger l'injure des traités de 18.15, qui avaient voulu nous donner une frontière déclose et sans force de défense, et que nous avons appuyé au massif des Alpes la nouvelle et formidable enceinte de la patrie. Sur cette satisfaction napoléonienne en même temps que nationale, ressentie par tous ceux que n'aveuglent pas les tristes préventions nées de nos discordes, comment les poètes n'auraient-ils pas une veine facile à célébrer le présent? Comment resteraient-ils froids à en- tonner l'hymne d'allégresse, quand nos bias s'ouvrent pour recevoir, dans la grande famille française, une population issue de la même race, parlant la même langue, respirant