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190                   CONCOURS DE POÉSIE.

 fiers contentements au patriotisme, qu'un lyrisme tout naturel
 invite à les chanter. Douter de la vertu poétique de pareils
 sujets, ce serait, a ce qu'il nous semble, se montrer mé-
 créant en poésie de la plus trble manière ; car nous ne
 savons plus ce qu'il faudrait penser de l'art des vers et la
 divinité de la muse nous serait justement suspecte, si l'une
 des plus généreuses, des plus sublimes affections qui puis-
 sent honorer la nature humaine, le patriotisme, n'avait pas
 le don d'ébranler aisément les cordes de la lyre.
    Or, si vous pesez h cette balance le sujet offert aux poètes•
 de notre concours, combien ne paraîlra-t-il pas des mieux faits
 pour les émouvoir et échauffer leur verve? Est-ce la marche
 pesante des escadrons, le tonnerre de l'artillerie, le tumulte
 sanglant des batailles, le clairon retentissant de la victoire,
 qu'il faut pour donner le ton à leurs vers ? Mais Montebello,
 Paleslro, Magenta, Solferino auraient de quoi satisfaire les plus
 difficiles, et Napoléon III a renouvelé assez splendidement le
 poétique baptême de gloire militaire que la France devait à
 Napoléon I". Seraicnt-ce la grandeur des résultats atteints par
la politique et les vrais titres à l'admiration de l'histoire qui
pourraient de préférence dénouer les lèvres poétiques? Eh
bien, quel n'est pas sous ce rapport le noble orgueil auquel a
 dû s'abandonner le pays, et que ne nous est-il possible de dé-
laisser un instant notre tâche de rapporteur du concours pour
essayer, par la digression la plus pardonnable, le langage
 de l'historien. Nous ferions voir que la réunion de la Savoie
à la France a toujours été, depuis Louis XI, entrevue ou pré-
parée par nos premiers hommes d'Etat ou nos princes les
plus renommés. Nous montrerions que l'ambition avait beau
égarer les vues dans des temps où, par del.'i les monts, se
rencontraient les rivalités et les armes de la France, de
l'Autricheetde l'Espagne, toutes également jalouses de mettre
l'Italie en interdit pour les Italiens : l'instinct national démo-