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                  ESQUISSE SUR M. D ' A I G U E P E R S E .        1G1

 recru, dans des vases d'une propreté exquise. Aussi, d'une
 main égale, il livrait au public, comme à ses amis, ce vin
 pur et salutaire qui fortifie la vieillesse et qui, par son par-
 fum et ses reflets, fait la joie du festin. Sa liqueur pourprée,
 qui ne fut jamais modifiée par aucun artifice, était sans cloute
 préférable aux vins emmiellés du consulat de Plancus, que
 chantait Horace.
     Je l'ai visité pendant ses dernières journées ; son attitude
 me rappelait ses paroles attendrissantes sur noire conseiller
 Breghot. Je lui appliquais, comme il l'avait appliquée lui-
 môme, la pensée de Bacon, qu'un peu de philosophie nous
 éloigne de la religion, el que beaucoup de philosophie nous
 y ramène. Son cœur bienveillant observait, sans effort, le
 précepte fondamental du Christ, l'amour de Dieu et du
 prochain. Il était muni des secours dont dépendent nos conso-
 lations et nos espérances, ils lui adoucirent l'amertume des
 adieux qu'il fil à ce monde, le dixième jour du troisième
 mois de l'an de grâce 1861.
     J'ai assisté à ses dispositions suprêmes; j'y ai reconnu
 l'homme dont toutes les actions avaient été une émanation
 d'équité, et qui tenait, sans oscillation,la balance de la justice.
 Il a ordonné le partage égal de son hérédité entre ses quatre
 filles ; mais il a voulu que Mmo Poidebard, qui vivait sous son
 toit, et qui avait dans son lot, la terre de Régnié, joignît
 $Aigueperse au nom de son mari, pour le transmettre à
- leur postérité. Sa piété filiale el sa gratitude lui prescrivaient
 de ne pas laisser s'éteindre, par l'oubli, la famille dont il avait
 eu le bonheur de naître, et dans laquelle se transmet d'âge
 en âge, un héritage d'honneur el de vertu.




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