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160 ESQUISSE SUR M. D ' A I G U E P E R S E . Nec luxuriœ quicquam crudelilas, avait dit Quinte-Curce, nec crudelitati luxuria obstat. Je me hâte de revenir aux dernières années de M. D'Àigueperse. I! était septuagénaire ; il était réduit à vivre avec le secours de la médecine, mais son humeur n'était pas altérée; il con- tinuait ses lectures; il écrivait avec le même style ; et le temps ne flétrit, pour la vieillesse, que les fleurs de l'imagination. Ses livres el le latin n'étaienl/>as son éternel emploi; il cul- tivait ses amis. 11 vivait en famille; il étendait sa main bien- faisante sur trois générations ; son administration intelligente accroissait leur patrimoine héréditaire ; il les faisait jouir à l'aise, e( sans fasle, d'une fortune acquise dans le calme de la conscience. Opes innocentes paralœ, disait Tacite, et modeste habitœ. Il réprouvait l'avarice de l'ancien Galon enrichi par l'usure ; mais il n'admettait pas, avec Boileau, que l'indi- gence de Palru fût un titre d'honneur. Fils d'un procureur au Parlement de Paris, avocat lui-môme, si Palru eût été moins épris de l'Àstrée d'Urphé, el s'il avail eu un talent utile au barreau, il aurait retiré de sa profession un tribul légitime: il n'aurait pas été réduit à implorer les libéralités du Roi el à recourir à la bourse de ses amis. Non seulement M. D'Aigueperse connaissait l'orateur Cornélius Fronton, qui avait fécondé, par la philosophie, et embelli par les lettres, les heureuses qualités dont la nalure avait doué le cœur de l'Empereur Marc-Aurèle; mais en outre, il avait lu la méthode de Fronlon d'Emèse pour con- server le vin et le rendre limpide ; il subordonna les théories anciennes el nouvelles à l'expérience et aux pratiques des vignerons du Beaujolais. Ses vignobles d'un excellent plant, atteignirent la perfection de la culture. Son savoir élail com- plet pour le mécanisme du pressoir : pour vendanger en maturité; pour la durée de la fermentation du raisin ; pour conserver le vin en des caves salubres et le faire vieillir, bien