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                 ESQUISSE SUR M. D'AIGUEPERSE.              157

 exprimait, en 1850, son antipathie contre le caractère et les
 œuvres de Lafontainc. ïl se plaignait de ce qu'on avait com-
mencé son éducation par les leçons d'un cynique. « Ses
 « fables, disait-il, c'est du fiel et non du lait pour le cœur
 « de l'enfance; ses contes orduriers provoquaient les sens1
 « de la jeunesse; et ses dédicaces adulatrices mendiaient
 « l'aumône des riches financiers pour payer ses faiblesses.»
M. D'Aigueperse pensait au contraire avec Roilin, qu'il fallait
 commencer la rélhorique par la lecture des fables de Phèdre,
 dont le récit est parfait et y joindre les fables de Lafontaine
 pour apprendre à y semer plus de pensées. Lafontaine s'est
borné à mellre en vers des contes dont l'Europe s'amusait
avant lui, et qui, quoique licencieux, ne corrompent pas les
mœurs comme les romans du XVIII e et du XIX e siècle.
L'amant de Graziella aurait dû être plus indulgent pour
l'homme qui ne demandait qu'un peu d'amour honnête.
Lafontaine, comme tout autre poète, loua ses dieux, sa maî-
tresse et son roi. La louange agréable est l'âme des beaux
vers. Mais sans dette, sans luxe et sans ambition, il ne fut
jamais avide d'argent, ni flatteur salarié. Enfin if faut dire,
avec Louis Racine, que l'auteur de Joconde est mort armé
d'un cilice.
   En 1860, M. D'Aigueperse donna un Essai sur les chiffres
dont se servaient les Romains et sur la supputation de leur
monnaie. Ses calculs clairs et positifs sont entremêlés de
traits piquants. Mais pour bien comprendre la valeur réelle
d'une somme d'argent à Rome, il faudrait connaître le prix
de toute chose, I! est fâcheux qu'une bonne ménagère
romaine ne nous ait pas laissé son registre de dépense
annuelle, pour nous apprendre, comme i\lme de Maintenon,
tout ce qu'on peut payer avec douze mille livres de renie.
   Mon premier entrelien avec M. D'Aigueperse remonte-aux
fériés de 1807; c'était à Sainl-Genis-Laval,sous les ombrages