Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
150              ESQUISSE SUR M. D'AIGUEPERSE.

contemporaine. Pour la bien apprécier, il faut en revoir
l'image,tracée par les deux professeurs de l'Université, qui
écrivirent, à cette époque, la vie de Rollin sous l'inspiration
de M. de Fontanes.
   « Qui ne jetterait, est-il dit, un cri de douleur, en.voyant
« la jeunesse dépouillée de grâces et de vertus et même de
« ces nobles lrai(s de la physionomie qui semblaient hérédi-
« taires en France ? Les enfants de cette génération nouvelle
« portent, sur le front, la dureté des temps où ils sont nés;
« leur démarche est hardie; leur langage est superbe et
« dédaigneux. La vieillesse est déconcertée à leur aspect....
« Génération vraiment nouvelle, séparée des temps anciens
« et des temps à venir, elle ne transmettra ni ces tradi-
« tions qui sont l'honneur des familles, ni les bienséances
« qui défendent les moeurs publiques, ni ces usages qui sont
« les liens delà société. »
   Dans ce sombre tableau, il n'y a rien pour le portrait de
M. D'Aigueperse. Sa taille ôlait élevée ; ses manières affables ;
son visage délicat ; son langage pur et affectueux. Il portait,
avec modestie, cette couronne de dignité qui n'appartient qu'à
l'homme de bien.
   En son dialogue sur les orateurs, Cicôron se plaint à Brutus
de ce que l'usage de louer les morts a rempli l'histoire de faus-
setés. Je ne serai point entaché de ce reproche; je ne fais pas
une oraison funèbre; je n'en ai ni le goût, ni le (aient; je
reviens à mon récit.
   Muni d'un diplôme de licencié, M. D'Aigueperse ne (enta
point de débuter au barreau; j'ignore quelle place il y aurait
prise. Il ne s'attribuait pas lui-même le talent d'éveiller le
juge par la vivacité d'une répartie, et de vaincre en présence
d'esprit, un adversaire à l'audience; unelutte de cette nature
plaisait peu à son caractère inoffensif. Rarement i! prit la
peine de se' former une opinion décisive sur un procès épi-