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142 EXPOSITION DE QUELQUES PEINTRES LYONNAIS. bition de son tableau de La Source à l'exposition du boulevard des Italiens, ait prouvé jusqu'à quelle puissance de modelé et de sentiment le grand maître est parvenu. M. Hippolyte Flandrin sera sans, nul doute celui de ses disciples qui continuera avec le plus de popularité ce don exceptionnel, et qui, par la sobriété des détails ainsi que par l'entente raisonnce et savante des carna- tions, mêlera avec le plus de charme à ses œuvres l'indéfinissable sentiment de la nature. Non que je sois ingriste au point de méconnaître la vérité de ce qui a été jusqu'à présent reproché à cette école ; mais, devant un tableau qui émeut et passionne à première vue, comme font ceux d'Holbein et de Yan-Dick, et où se révèlent les palpitations de l'âme, en môme temps que celles du corps dans les conditions du sujet traité par l'artiste, je ne me préoccupe pas de savoir quelle en est l'origine; j'admire, en pressentant combien l'art, arrivé à ce degré de perfection, est digne de respect, et combien l'antiquité, étrangère à nos entraî- nements irréfléchis, était rationnelle avec elle-même, en le divinisant en quelque sorte, lui et ses interprètes. Je souhaiterais moins d'uniformité clans les gammes de tons adoptées par M. II. Flandrin, qui a aussi une propension marquée au violacé; mais s'il me répondait que ces tons chatoyants dans leurs effets sont autant d'harmonies combinées avec les chairs, comme la couleur verte de ses fonds l'est avec l'ensemble de ses tableaux, je ne sais trop quelle objection plausible je pourrais lui faire, car le succès justifie en pareil cas les moyens, et le sien est im- mense aujourd'hui, comparé à celui de ses compétiteurs. Son frère Paul est bien près de lui ressembler par le style dans le portrait de Mme la baronne H... On y retrouve le même faire, le même parti pris, seulement avec plus le crudité dans les transitions. M. Guillemet, l'un des élèves de M. H. Flandrin, a exposé de son côté un portrait en pied de M. Claude Bernard (le natu- raliste], qui, sans la lourdeur de certaines demi-teintes dont il eût pu facilement modifier l'effet, réunit, selon moi, des qua- lités remarquables. Si M. Guillemet expose pour la première fois, ce que j'ignore, c'est un coup d'essai qui est presque un coup