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          EXPOSITION DE QUELQUES PEINTRES LYONNAIS.               143

de maître, en ce qu'il y a en lui les traditions du vrai et du beau.
   Deux figures charmantes d'enfants ont capté mon intérêt, en
souvenir des œuvres antérieures de leur auteur, M. Michel Dumas.
Ce peintre est encore un élève d'Ingres, et, de plus, un coloriste ;
 mais il n'a pas, comme le maître, cette suavité de touche qui
constitue surtout sa haute supériorité. Les yeux des deux enfants
dont je parle sont, du reste, admirablement peints et remplis
de lumière.
   Après avoir parlé des portraits, avoucrai-je que je n'ai pu arriver
jusqu'au populaire Meissonnier, enfant de Lyon comme les pré-
cédents, et qui a exposé six tableaux microscopiques, suivant
son habitude, mais dont on ne pouvait apprécier le mérite qu'au
milieu du langage violent produit par la foule dont ils étaient
constamment environnés ? 11 en a été de même, à peu de chose
près, des peintures exotiques de M. Biard, lesquelles, faiblement
lumineuses à côté des toiles voisines, mais représentant des
scènes émouvantes pour la plupart, ont été constamment ab-
sorbées à mes yeux par le pêle-mêle des curieux. J'ai, au sur-
plus, dit ma pensée sur ce dernier, dès son retour en France,
dans la Revue du Lyonnais, et je ne pourrais y ajouter autre
chose, sinon que le côté sérieux et humanitaire de ses compo-
sitions sur l'embarquement, la vente et la poursuite des noirs
fugitifs, a fait oublier le caractère plaisant de ses ouvrages an-
térieurs. Les Revues illustrées s'emparent de ces pages, aujour-
d'hui les dernières à protester contre l'esclavage de la race noire,
et le grand ouvrage Le tour du monde, édité par la maison
Hachette, publiera bientôt avec le texte du voyage de M. Biard
dans les deux Amériques, écrit par lui-môme, les mille et un
incidents qui auront prêté à l'illustrer sous ses auspices.
   J'ai pu également apprécier le talent de M. Janmot, qui a,
 dit-on, remplacé feu Bonnefond dans la chaire de peinture, au
Palais-des-Arts de Lyon, mais cet examen est encore incomplet,
en ce qu'il n'a reposé que sur les cartons d'un poème de l'âme hu-
maine, faisant suite aux peintures exposées par lui en 1835.
 Ceux de ces mêmes cartons intitulés : La Solitude, L'Infini, Le
Rêve de feu, L'Amour, L'Adieu et L'Orgie sont de poétiques