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126 LES ÉCORCHEURS il parcourait son royaume pour tâcher d'y ramener quelque peu de tranquillité. En juin 1439, « il se partit de Riom et « de là vint à Lyon, et trouva sur le pays de Beaujolois les « gens d'armes qui esloient plusieurs malades, à pie et désar- « mez, tellement que c'était grand hideur de les voir (1). » L'année suivante il visila les bords de la Loire , vint à Cbarlieu au mois de juillet 1440, et y resta quelques jours. Il faisait des enquêtes sur les événements et recueillait les plaintes que soulevaient partout les excès des brigands. Il amassa un si grand nombre de griefs capitaux surtout con- tre le Bâtard de Bourbon, que quelques mois après, se trou- vant à Troyes, il le manda devant lui, lui fit promptement son procès, et ordonna son supplice. Malgré la rançon pour laquelle la Bourgogne, un jour, se racheta il ne faudrait pas croire que le gouvernement du Duc ne se mît pas en peine de résister. Nul, au contraire, n'était mieux renseigné que Philippe-le-Bon et ne montrait plus d'activité, à défaut d'habileté militaire, pour s'opposer à ces invasions. Les ordres, les messages, les lettres innom- brables adressées aux villes, aux seigneurs de grands fiefs, à ses lieutenants et baillis, à ions les seigneurs bannerets qui lui devaient le service militaire, attestent ses inquiétudes. Môme, lorsqu'aux mois d'octobre et novembre 1441, il apprit que les Écorclicurs, qui n'avaient pas tous péri en Artois, revenaient du siège de Ponloise et s'avançaient sur Châtillon-sur-Seine, Âvallon, Vezelay, la Madeleine et même Autun, il n'hésita pas à se mettre lui-môme à la tôle de ses troupes pour mar- cher contre eux (2). Celle altitude dut les intimider et les empocher de traver- ser la Bourgogne ; mais ils firent un détour et se trouvèrent (1) Barri. (2) Cabinet de M. Canat de Cliizy ; coll. de la bibliot. imp.