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TEMPLE DES DRUIDES D'UZÈS. 421 semblables à celles qu'on voit dans la Grande-Bretagne, auprès de Salisbury. Dans ces enceintes se plaçaient les Druides, puis les chevaliers, et derrière eux le peuple, tandis que le sacrifica- teur se tenait au centre, devant ie menhir, sur la pierre de l'ins- piration. Les Gaulois assistaient tout armés et en grand nombre à ces cérémonies, et se retiraient ensuite chez eux en tenant à la bouche ou à la main quelque chose qui eût appartenu au sup- plicié, usage conservé jusqu'à ces derniers temps par les gens du peuple qui cherchaient à posséder un morceau de la corde d'un pendu. Cette superstition, qu'on a tant reprochée au moyen-âge, on le voit, n'est pas nouvelle. Il est bon de remarquer, à cette occasion, que les Romains connaissaient aussi le talisman de la corde de pendu. Palladius, un des auteurs qui ont écrit dere rusticâ, raconte que, pour la conservation des pigeons, on atta- chait un morceau de corde de pendu aux ouvertures du pigeon- nier : Non pereunt neque deserunt si per omnes fenestras aliquid de slrangulati homims loro, aut vinmlo aut fune suspendunt '. Mais si ces sacrifices avaient lieu en public et dans un empla- cement assez vaste pour contenir la foule, le temple d'Uzès, dans les proportions où il se trouve, ne pouvait alors remplir ce but. La même considération s'applique aux sacrifices d'animaux pour l'immolation desquels, d'ailleurs, on n'avait pu établir un autel empreint d'un tel caractère , dans un lieu dont l'aspect seul en- core saisit et impressionne vivement. A quoi servait donc ce monument mystérieux, avec tout l'appareil approprie aux céré- monies religieuses? Quelle était son utilité et pour quel usage l'avait-on établi, après de longs et pénibles travaux, sous de gi- gantesques rochers qui le dérobaient à la vue? Il serait difficile d'adopter un système au milieu de tant d'opinions qui se contra- rient et de pénétrer dans le sanctuaire des croyances de nos aïeux, quand aucun écrit n'a été laissé par les Druides, et qu'on est obligé de s'en rapporter à des historiens étrangers à la Gaule, auxquels probablement on cachait la vérité} et quand le langage de ces monuments symboliques, le sens de ces caractères mysté- ' Palladius, I, 24.