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U2 TEMPLE DES DRUIDES D'UZÈS.
jadis des victimes humaines, auxquelles ils tranchaient la tète
qu'ils suspendaient à ces anneaux ; qu'après avoir recueilli le
sang dans les rigoles disposées à cet effet, ils brûlaient les ca-
davres , et que la fenêtre au-dessus de l'autel servait d'issue à la
fumée, dont on voit encore la trace à la partie supérieure de
l'excavation.
En ce qui touche la crémation des corps, les petits bassins de
l'autel et l'ouverture pour donner passage à la fumée, il est aisé
de voir que la tradition s'accorde avec les récits historiques et
avec les indices qu'on a sous les yeux. Nous ne prétendons pas
contester la tradition à ce sujet, quoiqu'il soit difficile d'admettre,
vu le peu d'altération de la roche calcaire, qu'un bûcher ait pu
être établi sur cet autel. Toutefois, l'utilité de cette fenêtre, avec
les trois autres ouvertures qui existent dans la grotte, si elle ne
servait pas à l'usage que nous avons indiqué, ne peut guère
s'expliquer. Quant aux têtes suspendues aux anneaux, c'est une
erreur manifeste, attendu que les Gaulois, dans leurs expéditions
guerrières, coupaient, il est vrai, les têtes de leurs ennemis
vaincus pour les attacher au cou de leurs chevaux, mais ne déca-
pitaient jamais les victimes humaines. La tradition, qui s'égare
parfois, a appliqué à ces sacrifices un fait qui se pratiquait seu-
lement lorsqu'on immolait des animaux. Quoi qu'il en soit, cette
différence dans un simple détail n'infirme en rien l'exactitude de
ces souvenirs populaires; et si on se rappelle que pour les
préparer à la mort on faisait passer les victimes, avant de les sa-
crifier, dans un souterrain appelé Y antre du démon, on voit que
c'est dans un lieu comme le temple d'Uzcs que devaient s'accom-
plir ces horribles mystères. On est surpris seulement de ne point
trouver de vestiges de l'escalier pour arriver sur l'autel. Peut-
être en ctait-il dans le druidisnie comme dans la religion juive
où il est dit : Vous ne monterez point sur mon autel par des
degrés.
Toutefois, il se présente une difficulté sérieuse, si on s'en
rapporte au passage des Commentaires de J. César où l'on voit
que les Gaulois n'avaient pas de temples. On peut répondre à cette
assertion que, s'occupant plus de politique, de stratégie et sur-