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NÉCROLOGIE. 73 improbus qu'exige le violon, il savait les initier par degrés, don- ner de l'attrait aux exercices les plus pénibles et, petit à petit, élever le commençant jusqu'aux sommités de l'art. En jouant à ses côtés, on se sentait à l'aise, bien plus, on acquérait pour ainsi dire des facultés nouvelles, tant il savait, par un simple coup d'œil, par un accent donné à propos, par un rien, conduire ceux qui étaient appelés à jouer avec lui un morceau d'ensemble. Quand M. Baumann vint à Lyon, les bons exécutants étaient plus rares. Ses exemples et ses leçons contribuèrent beaucoup à raviver le goût de la musique. Sans doute il ne fut pas le seul, car nous pourrions citer d'autres artistes auxquels on doit cette renaissance musicale, mais il y eut une large part, et aujour- d'hui, que le nombre des violonistes d'un mérite incontestable doit rendre moins sensible la perte d'une individualité, il semble pourtant que cette perte est considérable ; en effet, tous, en lui regretteront un ami, le représentant d'une tradition qui s'épar- pille, et se divisant à l'infini, touche à sa fin ; tous regretteront dans Baumann, non seulement celui qui charmait leurs oreilles et élevait leur intelligence musicale, mais plus encore, l'hon- nête homme, l'excellent camarade, l'artiste supérieur qui sut être bienveillant pour ses rivaux comme pour ses inférieurs, et arriva au terme de sa longue carrière sans avoir excité d'autres sentiments que ceux de l'amitié et de l'estime. Louis Baumann naquit, en 1789, à Saint-Servan (Ile et Vilaine), d'un père artiste musicien, qui lui fit apprendre d'abord la clarinette puis le violon. Lors des premières guerres de la répu- blique, il partit avec un régiment dont il fut bientôt nommé chef de musique. Il occupa cet emploi pendant toutes les cam- pagnes de l'Empire , et ne l'abandonna qu'après la bataille de Waterloo. A cette époque, son régiment étant en garnison à Ver- sailles, il se présenta à Baillot qui le fit recevoir dans sa classe de violon.Tels étaient son ardeur et son désir de profiter des leçons detcet illustre professeur, qu'il venait à pied de Versailles pour les suivre. En 1818, il remporta le premier prix du Conservatoire, quitta son régiment et fut nommé premier violon du Théâtre Italien. En 1820, il vint à Lyon remplacer un violoniste fort ha-