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PROJET D'ÉRIGER UNE STATUE A JEAN GERSON, Lu à la Société littéraire, à la séance de hiars 1861, et au Congrès scientifique, à Paris, le 9 avril. Dans la demeure Sccordée à l'homme pour les quelques jours de son pèlerinage, Dieu a joint l'ornement au nécessaire, à l'utile, voulant que le beau fût, comme le vrai et le bien, une manifestation de son être. L'homme, appelé à achever l'œuvre de la création en adaptant à son usage et en distribuant par son intelligence les matériaux que la puissance créatrice a mis à sa disposition, réalise, à son tour, non seulement l'utile, mais encore le beau ; et son œuvre est bonne lorsqu'elle les réunit : utile dulci. Or, cette noble manifestation du beau est l'ouvrage des arts libéraux ; c'est à eux qu'il est donné de répondre aux besoins de nos plus divines facultés : l'admiration, l'amour de l'ordre, de l'harmonie. Sans leurs chefs-d'œuvre, la terre ne serait pas seu- lement un exil, ce serait une prison ténébreuse où ne rayonne- rait aucune lumière du soleil de la patrie. Aussi, dès que les nations sortent de la barbarie , dès qu'elles ont pourvu aux besoins de leur existence matérielle, dès qu'elles ont dépose les armes qui repoussaient l'ennemi, et qu'elles peuvent s'asseoir un instant devant les fruits de leurs travaux et de leur industrie, elles s'adressent aux beaux-arts et leur demandent d'embellir la patrie, de retracer, par des chants et des images, les faits primi- tifs, les travaux de leurs fondateurs, les hauts faits de leurs guerriers, les lois de leurs législateurs. Alors les matériaux mis en œuvre par la main des artistes