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60 JEAN GEKSON. deviennent un langage qui instruit, élève, purifie, civilise la nation, conserve les traditions, transmet les croyances, sert d'émulation pour de nouveaux travaux et de nouveaux sacrifices. Combien il est important que ce langage des Arts, qui parle aux yeux de la multitude et lui tient lieu de l'enseignement de l'école, soit pur et vrai, qu'il ne présente à l'admiration et à l'imitation que de nobles modèles. Maintenant que nos villes ne se contentent plus de donner à leurs habitants le nécessaire, l'utile; mais qu'elles y joignent le confortable et l'ornement ; maintenant que nos rues s'embel- lissent, que nos places se décorent de fontaines et de statues, que l'intérieur de nos temples et de nos monuments se revêt de tableaux et de peintures, n'est-il pas important dans l'intérêt de la morale et, par conséquent, du bonheur de la nation, de choisir les hommes et les faits rappelés ainsi à son souvenir, je dirais presque proposés à son culte par les arts du dessin. Toutes les villes de la France ont été saisies de la noble ému- lation d'élever des statues aux grands hommes qui ont vécu dans leurs murs. Elles les placent sur des socles pour les pré- senter à la reconnaissance et à l'imitation de la postérité. Elles veulent que les enfants demandent à leur père : Quelle est cette religion ? Quœ est ista religio ? Quel est cet homme, cette femme ! Que signifient les attributs qui les environnent ? et qu'on leur réponde : Cette jeune fille aimait tendrement la France, son pays ; pleine de confiance dans le secours du ciel, elle se mit à la tète de ses défenseurs et l'arracha aux Anglais. Ce prélat a consacré sa vie au soulagement des malheureux, et son talent a inspiré l'amour de Dieu et des hommes. Ce guerrier a versé son sang pour défendre sa patrie, il a forcé les ennemis mêmes d'admirer la clémence et la sagesse de son administration. La capitale qu'un siècle imprévoyant avait déjà décorée de toutes les séduisantes fictions de la Mythologie, présente main- tenant à notre culte la longue suite de nos grands hommes. Le Panthéon s'est élargi avec les idées, et ce n'est plus un tempic