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48                     LES ÉCORCHEURà

une longue liste de villages rançonnés, pillés, brûlés ,
détruits, surtout dans les bailliages d'Auxois, d'Autun, de
Charollais et de Maçonnais. Parmi les villes de la province,
Aulun fut peut-être la plus éprouvée; elle figure cinq fois
dans ce triste rôle, et paya pour ses cinq rançons 820 saluts
d'or, el cela, sans compter sa part dans le rançonnement
général du Duché. Si à ces rançons collectives on ajoute
les rançons privées, on arrivera à des sommes énormes qui
resteront encore au-dessous du chiffre réel des pertes ,
puisque en sept ans, les .faubourgs d'Autun furent ravagés
cinq fois el une fois entièrement brûlés. Par ces désastres qui
désolèrent une seule ville, qu'on juge de la détresse générale.
Voici quelques unes de ces rançons dont nous avons retrouvé
les chiffres authentiques. Mâcon et sa banlieue jusqu'à la
rivière de Grônepaya 300 saluts d'or: Semur-en-Auxois 450,
dont le Bâtard de Bourbon s'adjugea 150 pour sa part;
Saulieu 100 saluts expressément donnés pour le rachat du
feu; Vileau 400, Montigny 150, Perrecy 120, sans compter
80 saluts pour la rançon du grand étang, etc. Ce qui n'em-
pêcha pas que la plupart de ces villes ne fussent pillées.
   « Le butin devait être énorme, mais parfois encombrant.
Les voleurs auraient donc souvent eu peine à tirer profit de
leurs déprédations, si le génie du mal n'y avait pourvu. A
la suite des Compagnies marchaient des industriels avides,
dont le métier était d'exploiter à leur profit les crimes
d'autrui. En 1438, en Auxois, des marchands de Troyes
achetaient à vil prix le butin des Ecorcheurs, auxquels ils
donnaient en échange de l'argent et des armes. Presque
toutes les dépouilles du Charollais furent envoyées dans le
Beaujolais et le Forez, surtout dans le bourg de Pereuil et à
Montbrison, pour y être vendues à l'encan par d'indignes
spéculateurs.
     « Les riches, malgré l'énormité relative des rançons,