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DANS LE ÎÏÏONNAIS. 49
échappaient souvent aux mauvais traitements ; mais les
pauvres, quand ils ne pouvaient payer, subissaient ordi-
nairement des tortures qui font frémir. Longue serait la
liste des gens battus, grillés, pendus, noyés ou tués avec des
raffinements d'une cruauté brutale. En voici quelques récits
empruntés aux enquêtes qui furent faites, en 1444, par ordre
du duc, auxquelles on nous pardonnera de conserver la
naïveté parfois un peu crue du narrateur contemporain.
« En 1438, les gens du Petit Blanchefort, qui venaient
de s'emparerdu Prieuré de Couches, vinrent jusqu'à Saint-
Léger-sur-Dheune et enlevèrent le château, où les habitants
s'étaient réfugiés. D'horribles scènes commencèrent alors, que
ma plume se refuse à décrire. Un témoin raconte qu'on en-
tendait au loin les cris des femmes, « dont c'étoit grand
« pitié, ajoute-t-il naïvement, car ils les faisoient crier
« et brailler comme bestes. » Le village de Dennevy subit
le môme sort.
« En 1439, Antoine de Chabannes s'empare du château
de Sautronne, près de Montcenis, où s'étaient retirés 80
hommes et 120 femmes ; trois hommes y furent tués, le resle
mis à rançon et les femmes subirent toutes les derniers
outrages. La rançon de chaque homme fut de 30 saluts. Un
témoin ajoute « qu'ils prindrent le Sgr. dudit Sautronne,
« nommé Jehan Broichard , lequel estoit vielz home et
« ancien, et luy tortillèrent les gembes d'une corde et d'ung
« tortost, tant que le sanc en sailloit ; luy saultèrent des pies
« et des mains sur la poitrine, et tellement qu'il morusl tost
. « après. »
« Un habitant d'Autun, après avoir payé sa rançon, vit sa
femme attachée à un poteau de sa maison et brûlée vive. Un
homme est fermé dans un coffre, puis brûlé dans sa propre
maison.
« Un habitant de Couches se tira mieux d'affaire. Pendu
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