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DANS LE LYONNAIS. 45 tants redoutaient autant leurs sauveurs que leurs ennemis. Ces troupes libératrices ne manquaient pas de prendre et de piller tout ce que les Écorcheurs n'avaient pu emporter ; aussi les nommait-on Reiondeurs parce qu'ils retondaient sans pilié ceux qui n'étaient point écorchés jusqu'aux os. Leur arrivée était tellement redoutée que la plupart des vil- les et des places murées leur refusaient l'entrée. Ainsi firent les villes d'Auxonne, de Beaune, de Nuits, et de Talanl, qui ne voulurent point ouvrir leurs portes au maréchal de Fri- bourg ; ainsi firent aussi les châteaux de Saint-Romain, Molinot, Noroy, Mont-Justin, etc. L'abbé de Cluny ne laissa passer personne en sa ville, et Mâcon n'y consentit que vain- cue par de lerribles menaces. On ne sait ce que fit, en celte conjoncture, la ville de Châlon. « On comprend combien ces entraves mises à la défense donnaient de facilités aux Écorcheurs pour continuer, im- punément leurs déprédations. Aussi je m'étonne que cer- taines chroniques contemporaines nous aient représenté quel- quefois les Écorcheurs comme vaincus et même exterminés ; Olivier de la Marche, renchérissant sur les autres chroni- queurs, raconte qu'il a vu la Saône rougie de leur sang, et qu'il n'élail pas rare de rencontrer sur ses rives leurs cada- vres liés deux à deux, dégoûtantes épaves que la rivière reje- tait de son sein. Ces terribles représailles ne durent être que partielles et passagères, et il paraît certain que ni les ordres réitérés du roi, ni la prévoyance du duc de Bourgogne, ni la chasse impitoyable que faisaient les paysans désespérés, ni le supplice affreux du Bâtard de Bourbon qui fut, par ordre du roi, lié dans un sac et précipité dans l'Aube, n'eurent beau- coup d'influence sur la marche du fléau qui se termina autant par une sorte de lassitude du mal, que par suite des efforts qui furent faits pour en amener la fin. * « Il serait difficile de donner en peu de mots une idée