page suivante »
ET DU MYSTICISME. 35 porté à Venise. Je ne dis rien (puisque ce serait l'hérésie à condamner) de cette folie douce de Pierre Yaldo et des pau- vres de Lyon, qui s'en allaient en sandales, priant, chantant, s'abandonnant à l'inspiration del'Esprit-Saint et jaloux d'imiter la vie des Apôtres. Mais je parlerais de la touchante associa- tion que notre ville a connue au XIVe siècle entre personnes qui se liaient par un pacte exprès de fraternité, et qui, après l'avoir signé, s'envoyaient les charmants symboles d'un cœur d'or et d'un chapeau de fleurs. Je rappellerais aussi, parmi nos vieilles pompes populaires, ces ystoires, comme on les appelait, ou ces mystiques allégories que les jeunes Lyon-: naises représentaient, sous des tentures d'éclatantes drape- ries ou des arcs de feuillage, quand quelque reine, comme Anne de Bretagne et Eléonore d'Autriche, ou, comme cette année, l'impératrice Eugénie, venait exercer sur nos foules émues et ravies le double prestige de la grâce et de la ma- jesté. Et dans un autre ordre de faits où l'historien aurait à noter encore les signes de la tendance des esprits, n'est-ce pas a Lyon que se manifestèrent les plus étonnantes vertus de la baguette divinatoire d'Aimar ? n'est-ce pas à Lyon que, dès la première vogue du magnétisme, se fonda une société d'harmonie, pour populariser les prodiges de la sympathie et de la volonté ? n'est-ce pas à Lyon que Cagliostro, exploi- tant une foi plus naïve au merveilleux, avait établi sa loge- mère (1) et qu'il avait, au moyen de tributs payés par ses adeptes, construit a la nécromancie un temple qui, d'après la correspondance de Kirchbergner, coûtait 130,000 fr. ? Mais ces souvenirs indiqueraient trop de passagères aber- rations de la crédulité publique, laissons-les. Nous consul- terions plutôt, vers la fin du dernier siècle, une des révéla- (1) Caro, Essai sur Saint-Martin, p.